Plus de sept mois après la chute du régime des « colonels », la Grèce panse encore ses plaies. Le rétablissement des libertés publiques et individuelles, l'élection d'un Parlement au suffrage universel, l'abolition de la monarchie, n'ont pas permis de normaliser la situation. Il n'est pas aisé d'effacer en quelques mois les traces laissées par une dictature qui aura sévi pendant sept ans. Comme l'a démontré le coup d'État avorté du 24 février dernier, la Grèce n'est toujours pas à l'abri de nouvelles aventures militaires. L'armée, forgée dans la lutte anticommuniste à l'ère de la « Guerre froide », demeure un bastion pour les officiers d'extrême droite et, partant, constitue une menace permanente pour le régime démocratique. L'épuration risque fort d'être une tâche difficile et périlleuse, à supposer que l'on veuille ou que l'on soit en mesure de la conduire jusqu'à son terme. En fait, c'est l'ensemble de l'appareil étatique qui est atteint du mal de la dictature. Des nostalgiques du régime des « colonels » peuplent les administrations et à tous les échelons. Des lois très peu démocratiques subsistent, tout autant que des pratiques arbitraires héritées du passé. De profondes réformes s'imposent dans les domaines les plus divers, notamment dans l'enseignement, la justice, au sein même de l'Église. Le régime militaire a encore légué à M. Caramanlis une situation économique catastrophique ; une inflation galopante, un taux nul de croissance du revenu national, de sérieux déficits dans les balances du commerce et des paiements, une lourde dette extérieure, dont le volume a quintuplé en huit ans.