Sur une route, derrière la grille d'un vaste jardin, au
bout duquel apparaissait la blancheur d'un joli château
frappé par le soleil, se tenait un enfant beau et frais,
habillé de ces vêtements de campagne si pleins de
coquetterie. [...]
À côté de lui, gisait sur l'herbe un joujou splendide,
aussi frais que son maitre, verni, doré, vêtu d'une robe
pourpre [...]. Mais l'enfant ne s'occupait pas de son
joujou préféré, et voici ce qu'il regardait.
De l'autre côté de la grille, sur la route, entre les chardons
et les orties, il y avait un autre enfant, sale, chétif, [...].
À travers ces barreaux symboliques séparant deux
mondes, la grande route et le château, l'enfant pauvre
montrait à l'enfant riche son propre joujou, que celui-ci
examinait avidement comme un objet rare et inconnu.
Or, ce joujou, que le petit souillon agaçait, agitait et
secouait dans une boite grillée, c'était un rat vivant !