Le journalisme d'il y a 10 ans n'est pas le même qu'aujourd'hui. Le Web 2.0 a vu le jour, les smartphones sont dans toutes les poches, ou presque, et la nouvelle technologie a envahi les foyers. Éric Scherer, directeur de la prospective et de la stratégie numérique du groupe France Télévisions, le confirme : « pratiquement tout ce qui bouleverse et restructure les médias et les métiers du journalisme d'aujourd'hui n'existait tout simplement pas en l'an 2000 ».
L'ère du numérique a commencé. « Le smartphone devient le centre de nos vies numériques […], internet est désormais sur soi et plus seulement chez soi », souligne l'ancien journaliste de l'AFP. Pour lui, les journalistes doivent se réinventer, s'ils ne veulent pas disparaître : « l'innovation est leur seule assurance vie ». [...]
Internet est devenu le nouveau centre d'information des internautes. Il rend accessible l'actualité en temps réel. Dans ce nouveau monde numérique, les journalistes « ne sont plus les seuls vulgarisateurs1 d'un monde complexe. Ils ne sont plus les seuls à pouvoir nous mettre en prise avec le reste du monde. Ils ne sont plus les seuls à avoir accès, à détenir ou à pouvoir publier l'information », garantit l'ancien journaliste de Reuters. Les réseaux sociaux sont devenus des concurrents, le « journalisme citoyen » s'est développé, chacun est devenu un média, affirme-t-il.
La toile laisse libre court aux expressions des personnes, tout le monde y va de son commentaire. Mais pour Pascal Pailladet, journaliste au magazine La Vie, le journalisme citoyen « est un effet de mode, ou du moins un leurre2 ; même s'il correspond à une frustration et à un désir des citoyens de prendre la parole ». « On ne s'improvise pas journaliste, comme on ne s'improvise pas plombier ou avocat. Mener une enquête en profondeur demande une formation et un savoir-faire », atteste-t-il. Le journalisme citoyen n'est pas prêt de détrôner le journaliste professionnel. Une enquête, un reportage, une investigation ne s'improvisent pas, même sur le net.
Le rôle du journaliste sur internet ne s'arrête pas là. « Le web, c'est bien souvent encore le Far West de l'info ! » déplore Éric Scherer. « Même abreuvé3 et assailli d'informations, l'internaute n'est pas forcément bien informé », souligne Hélène Rochette, journaliste à Télérama. « L'information est devenue une denrée banale, comme l'eau ou l'air que nous respirons », note Éric Scherer. Face à l'infobésité que subissent les internautes, le journaliste se doit de filtrer, organiser et hiérarchiser les données, pour rendre l'actualité plus accessible. Il reste un gage4 de qualité de l'information s'il conserve ses réflexes d'analyse, de recul et de critique.
Personnes qui expliquent de manière simple des réalités complexes.
Une tromperie, une illusion.
Inondé.