La Vie Française était avant tout un journal d'argent, le patron étant un homme d'argent à qui la presse et la députation1 avaient servi de leviers. Se faisant de la bonhomie une arme, il avait toujours manœuvré sous un masque souriant de brave homme, mais il n'employait à ses besognes, quelles qu'elles fussent, que des gens qu'il avait tâtés, éprouvés, flairés, qu'il sentait retors2, audacieux et souples. Duroy, nommé chef des Échos, lui semblait un garçon précieux. [...]
C'est par eux [les Échos] qu'on lance les nouvelles, qu'on fait courir les bruits, qu'on agit sur le public et sur la rente3. Entre deux soirées mondaines, il faut savoir glisser, sans avoir l'air de rien, la chose importante, plutôt insinuée que dite. Il faut, par des sous-entendus, laisser deviner ce qu'on veut, démentir de telle sorte que la rumeur s'affirme, ou affirmer de telle manière que personne ne croie au fait annoncé. Il faut que, dans les Échos, chacun trouve, chaque jour, une ligne au moins qui l'intéresse, afin que tout le monde les lise. [...]
L'homme qui les dirige et qui commande au bataillon des reporters doit être toujours en éveil, et toujours en garde, méfiant, prévoyant, rusé, alerte4 et souple, armé de toutes les astuces et doué d'un flair infaillible pour découvrir la nouvelle fausse du premier coup d'œil, pour juger ce qui est bon à dire et bon à celer5, pour deviner ce qui portera sur le public ; et il doit savoir le présenter de telle façon que l'effet en soit multiplié.
Fonction de député.
Rusés, malins.
Argent gagné.
Agile, vif, éveillé.