« Aujourd'hui, on entend parfois que les savoirs scientifiques constituent une « croyance » comme une autre. Leur statut serait égal à n'importe quelle croyance. C'est une erreur ! […]
Appeler les résultats des sciences des « croyances » ne convient pas. En effet, la croyance peut aussi relever de la foi. Or, les résultats des sciences tirent leur légitimité du fait qu'on peut les remettre en cause à tout moment.
C'est d'ailleurs ce que les scientifiques font : vérifier ce qu'ont trouvé leurs prédécesseurs pour mieux défricher l'inconnu. Ce n'est pas le cas de la foi, qui tire sa légitimité de l'impossibilité d'être remise en cause. Il faut distinguer nettement savoir et croyance : le savoir se justifie ; la croyance se dispense de justification. […]
Les savoirs scientifiques sont un bien public, élaborés […] par des scientifiques […] et les connaissances une fois validées sont publiques. Leur validation est collective : elle passe par l'évaluation par d'autres scientifiques des articles soumis pour publication et la reproduction d'expériences. Dans ce processus, les scienti ques de tous les pays se mettent d'accord sur l'explication rationnelle qu'il faut donner à des phénomènes du monde réel parce qu'ils ont laissé leurs croyances au vestiaire de leur laboratoire. La croyance ou la non-croyance sont d'ordre privé, la démarche scientifique et les résultats des sciences sont publics. »