On ne badine pas avec l’amour

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Introduction

Qui était Alfred de Musset ?

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De l'ange blond à l'âme damnée

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  • Né en 1810, Alfred de Musset est un enfant rêveur d'une extrême sensibilité, choyé par ses parents.
  • Il s'essaie aux études de droit, de médecine, puis aux beaux‐arts. C'est un jeune homme brillant et agité, qui cherche sa vocation.
  • Jeune dandy, fantasque et hanté par le spleen, il s'abandonne à tous les plaisirs : le jeu, l'alcool, les femmes. Il connaît tôt ses premières désillusions amoureuses.
  • C'est la mort de son père, en 1832, qui sonne le glas de sa jeunesse : très à l'aise avec l'écriture dès son plus jeune âge, le voilà désormais contraint de vivre de sa plume.
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Placeholder pour Portrait de Paul et Alfred de MussetPortrait de Paul et Alfred de Musset
Fortuné Dufau, Paul et Alfred de Musset, 1813, huile sur toile, musée Carnavalet, Paris. Alfred est à droite.
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Texte 1

Parfois, aux tables du devant, on voyait apparaître un grand garçon svelte, un peu excentrique, vêtu d'un habit bleu à boutons d'or, d'un gilet blanc et d'un pantalon gris, les cheveux au vent [...], l'œil vif, le nez un peu pincé et le chapeau à quarante-cinq degrés : c'était Alfred de Musset qui [...] se jetait à corps perdu dans la vie élégante.
Charles Yriarte
Les Célébrités de la rue, 1864.
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Aimer est le grand point, qu'importe la maîtresse ?
Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse !
― Alfred de Musset, « La Coupe et les Lèvres », Un spectacle dans un fauteuil, 1832.
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L'enfant terrible du romantisme

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Texte 2

Un artiste est un homme, il écrit pour des hommes.
Pour prêtresse du temple, il a la liberté ;
Pour trépied, l'univers ; pour éléments, la vie ;
Pour encens, la douleur, l'amour et l'harmonie ;
Pour victime, son cœur ; pour dieu, la vérité.
Alfred de Musset
« La Coupe et les Lèvres », Un spectacle dans un fauteuil, dédicace à Alfred Tattet, 1832.
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  • Dès l'âge de 18 ans, alors que sont publiés ses premiers poèmes, Musset est introduit dans les cercles romantiques où il fréquente, entre autres, Victor Hugo. En 1829, son premier recueil, Contes d'Espagne et d'Italie, séduit autant qu'il dérange, par son mélange des genres et sa dislocation de l'alexandrin.
  • Écrivain à la plume généreuse, Musset est particulièrement fécond dans les années 1830-1834. En 1830, la création de sa première pièce, La Nuit vénitienne, est un échec, qui le conduit à ne plus écrire de théâtre pour la scène, mais pour la lecture : Musset crée alors ce qu'il appelle le « spectacle dans un fauteuil ». On ne badine pas avec l'amour (1834) ne sera en effet pas représenté de son vivant.
  • En 1834, il publie la pièce Lorenzaccio, qui établit sa postérité d'auteur romantique, et en 1836, La Confession d'un enfant du siècle, fiction autobiographique sur fond de réflexion sociopolitique.
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Il était important de se distinguer de cette école rimeuse, qui a voulu reconstruire et ne s'est adressée qu'à la forme, croyant rebâtir en replâtrant.
― Alfred de Musset, « Lettre à M. Desherbiers », 1830.
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Je hais comme la mort l'état de plagiaire ;
Mon verre n'est pas grand, mais je bois dans mon verre.
― Alfred de Musset, « La Coupe et les Lèvres », Un spectacle dans un fauteuil, 1832.
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Question 1

a) Cherchez la définition de « dandy » et « spleen ».
b) Texte 1 • Dans quelle mesure ces deux mots qualifient‐ils la personnalité de Musset ?
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Question 2

Quels sont les genres des œuvres écrites par Musset ?
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Question 3
Texte 2
Qu'est‐ce qu'être écrivain pour Musset ?
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Georges Sand ou la trahison italienne

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  • De six ans son aînée,
    George Sand
    joue un rôle ambigu auprès de ce jeune homme sensible et débauché. Devenue par son mariage baronne Dudevant, Aurore Dupin, alias George Sand, et Musset entretiennent une liaison passionnée et orageuse.
  • Angoissé et jaloux, Musset souffre de crises nerveuses, qui nourrissent néanmoins son inspiration créatrice. Dans son roman Elle et Lui, George Sand dépeint leur relation tourmentée, tandis que Musset la retranscrit dans La Confession d'un enfant du siècle.
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  • Leur voyage à Venise, en 1833, loin de l'idylle attendue, tourne au drame. Tandis que sa maîtresse est malade, Musset fréquente des courtisanes. Puis il tombe malade à son tour et George Sand le trahit avec le médecin accouru à son chevet ; ils se quittent, puis renouent, et finalement, Musset rentre seul en France.
  • La rupture définitive est consommée en 1835, après une énième violente dispute.
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Texte 3

[...] Ce jeune homme n'était pas voué exclusivement à l'orgueil. Il avait la notion brillante et souveraine, par moments, du bien, du bon et du vrai. C'était un ange, sinon déchu comme tant d'autres, du moins fourvoyé et malade. Le besoin d'aimer lui dévorait le cœur, et cent fois par jour il se demandait avec effroi s'il n'avait pas déjà trop abusé de la vie, et s'il lui restait la force d'être heureux.
George Sand
Elle et Lui, 1859.
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Placeholder pour Autoportrait avec George SandAutoportrait avec George Sand
Alfred de Musset, Autoportrait avec George Sand, XIXe siècle, crayonné sur papier, collection privée.
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Ce n'est pas ma maîtresse qui me manque, c'est mon camarade George.
― Alfred de Musset, « Lettre à George Sand », 19 avril 1834.
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Texte 4

Pauvre George ! Pauvre chère enfant ! Tu t'étais trompée ; tu t'es crue ma maîtresse, tu n'étais que ma mère ; le ciel nous avait faits l'un pour l'autre ; nos intelligences, dans leur sphère élevée, se sont reconnues comme deux oiseaux des montagnes, elles ont volé l'une vers l'autre, mais l'étreinte a été trop forte ; c'est un inceste que nous commettions.
Alfred de Musset
« Lettre à George Sand », 4 avril 1834, à Genève.
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Texte 5

Je sais que je t'aime, et c'est tout. Mais non pas avec cette soif douloureuse de t'embrasser sans te donner la mort. Mais avec une force toute virile et aussi avec toutes les tendresses de l'amour féminin. Veiller sur toi, te préserver de tout mal, de toute contrariété, t'entourer de distractions et de plaisirs, voilà le besoin et le regret que je sens depuis que je t'ai perdu... pourquoi cette tâche si douce et que j'aurais remplie avec tant de joie est-elle devenue peu à peu si amère et puis tout à coup impossible ?
Georges Sand
« Lettre à Alfred de Musset », 15 avril 1834, à Venise.
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Question 4
Texte 4 et Texte 5
Comment la correspondance des deux auteurs montre‐t‐elle l'ambiguïté de leur relation ?
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Le poète déchu

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  • Auteur prolifique jusqu'en 1840, Musset sombre dans la dépression, la maladie et l'alcool ; son célèbre poème
    « Tristesse »
    évoque son désespoir. Il se contente alors de retoucher ou de rééditer certains textes.
  • Nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1845, il est également élu académicien en 1852. Il ne reçoit les honneurs qu'au terme de sa vie lorsqu'il est au fond du gouffre. Il meurt dans l'ombre en 1857.
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Jamais je n'ai été tout à fait moi-même qu'en silence.
― Paul de Musset à propos d'Alfred de Musset dans Biographie d'Alfred de Musset : sa vie et ses œuvres, 1888.

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