Roxane, entrouvrant sa fenêtre. – Qui donc m'appelle ? Christian. – Moi. Roxane. – Qui, moi ? Christian. – Christian. Roxane, avec dédain. – C'est vous ? Christian. – Je voudrais vous parler. Cyrano, sous le balcon, à Christian. – Bien. Bien. Presque à voix basse. Roxane. – Non ! Vous parlez trop mal. Allez-vous-en ! Christian. – De grâce !... Roxane. – Non ! Vous ne m'aimez plus ! Christian, à qui Cyrano souffle ses mots. – M'accuser, – justes dieux ! – De n'aimer plus... quand... j'aime plus ! Roxane, qui allait refermer sa fenêtre, s'arrêtant. – Tiens, mais c'est mieux ! Christian, même jeu. – L'amour grandit bercé dans mon âme inquiète... Que ce... cruel marmot prit pour... barcelonnette1 ! Roxane, s'avançant sur le balcon. – C'est mieux ! – Mais, puisqu'il est cruel, vous fûtes sot De ne pas, cet amour, l'étouffer au berceau ! Christian, même jeu. – Aussi l'ai-je tenté, mais... tentative nulle : Ce... nouveau-né, Madame, est un petit... Hercule. Roxane. – C'est mieux ! Christian, même jeu. – De sorte qu'il... strangula comme rien... Les deux serpents... Orgueil et... Doute. Roxane, s'accoudant au balcon. – Ah ! c'est très bien. – Mais pourquoi parlez-vous de façon peu hâtive ? Auriez-vous donc la goutte2 à l'imaginative ? Cyrano, tirant Christian sous le balcon et se glissant à sa place. – Chut ! Cela devient trop difficile !... Roxane. – Aujourd'hui... Vos mots sont hésitants. Pourquoi ? Cyrano, parlant à mi-voix, comme Christian. – C'est qu'il fait nuit, Dans cette ombre, à tâtons, ils cherchent votre oreille. Roxane. – Les miens n'éprouvent pas difficulté pareille. Cyrano. – Ils trouvent tout de suite ? oh ! cela va de soi, Puisque c'est dans mon cœur, eux, que je les reçoi :3 ; Or, moi, j'ai le cœur grand, vous, l'oreille petite. D'ailleurs vos mots à vous descendent : ils vont vite. Les miens montent, Madame : il leur faut plus de temps ! Roxane. – Mais ils montent bien mieux depuis quelques instants. Cyrano. – De cette gymnastique, ils ont pris l'habitude ! Roxane. – Je vous parle, en effet, d'une vraie altitude ! Cyrano. – Certe, et vous me tueriez si de cette hauteur Vous me laissiez tomber un mot dur sur le cœur ! Roxane, avec un mouvement. – Je descends. Cyrano, vivement. – Non ! Roxane, lui montrant le banc qui est sous le balcon. – Grimpez sur le banc, alors, vite ! Cyrano, reculant avec effroi dans la nuit. – Non ! Roxane. – Comment... non ? Cyrano, que l'émotion gagne de plus en plus. – Laissez un peu que l'on profite... De cette occasion qui s'offre... de pouvoir Se parler doucement, sans se voir. [...]
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j'ai une idée !
Oups, une coquille