Français 1re

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Repères - Histoire
Partie 1 • Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle
L’épopée antique et la chanson de geste
La fin’amor et les romans de chevalerie
Récits comiques médiévaux et humanistes
Fictions baroques
Le classicisme
Les romans épistolaires
Le romantisme
Le réalisme
Le naturalisme
Les récits de guerre
L’exploration de la conscience
Interroger l’existence humaine
Le Nouveau Roman
Les récits de vie
Partie 2 • La littérature d’idées du XVIe au XVIIIe siècle
L’humanisme à la Renaissance
Le baroque
Le libertinage
Les moralistes de l’époque classique
Les philosophes des Lumières
Partie 3 • Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle
Le théâtre baroque
La tragédie classique
La comédie classique
Le drame romantique et le théâtre de boulevard
Les réécritures des mythes antiques
Du théâtre de la cruauté au théâtre de l’absurde
Le théâtre engagé
Les nouvelles formes de théâtre
Partie 4 • La poésie du XIXe au XXIe siècle
La poésie romantique
Le Parnasse
Les poètes maudits
Le symbolisme
Le surréalisme et l’OuLiPo
La poésie engagée : Résistance, négritude, créolité
La poésie contemporaine
Pour aller plus loin
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Chapitre 3.4
Texte 4

Olympes de Gouges, Zamore et Mirza ou l'Esclavage des Noirs (1784)

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Texte

Zamore et Mirza ou l'Esclavage des Noirs Audio

Crédits : Lelivrescolaire.fr

Deux esclaves en fuite, Zamore et Mirza, se sont réfugiés sur une ile, après que Zamore a tué un homme pour sauver Mirza. Ils échangent sur leur condition d'esclave.

MIRZA. – [M]ais dis‑moi pourquoi, Zamore, les Européens et les habitants1 ont‑ils tant d'avantages sur nous, pauvres esclaves ? Ils sont cependant faits comme nous, nous sommes des hommes comme eux : pourquoi donc une si grande différence de leur espèce à la nôtre ?

ZAMORE. – Cette différence est bien peu de chose ; elle n'existe que dans la couleur ; mais les avantages qu'ils ont sur nous sont immenses. L'art2 les a mis au-dessus de la Nature : l'instruction en a fait des dieux, et nous ne sommes que des hommes. Ils se servent de nous dans ces climats comme ils se servent des animaux dans les leurs. Ils sont venus dans ces contrées, se sont emparés des terres, des fortunes des Naturels3 des îles, et ces fiers ravisseurs des propriétés d'un peuple doux et paisible dans ses foyers, firent couler tout le sang de leurs nobles victimes, se partagèrent entre eux leurs dépouilles sanglantes, et nous ont faits esclaves pour récompense des richesses qu'ils ont ravies, et que nous leur conservons. Ce sont leurs propres champs qu'ils moissonnent, semés de cadavres d'habitants, et ces moissons sont actuellement arrosées de nos sueurs et de nos larmes. La plupart de ces maîtres barbares nous traitent avec une cruauté qui fait frémir la Nature. Notre espèce trop malheureuse s'est habituée à ces châtiments. Ils se gardent bien de nous instruire. Si nos yeux venaient à s'ouvrir, nous aurions horreur de l'état où ils nous ont réduits, et nous pourrions secouer un joug aussi cruel que honteux ; mais est‑il en notre pouvoir de changer notre sort ? L'homme avili4 par l'esclavage a perdu toute son énergie, et les plus abrutis d'entre nous sont les moins malheureux. J'ai témoigné toujours le même zèle à mon maître ; mais je me suis bien gardé de faire connaître ma façon de penser à mes camarades. Dieu ! Détourne le présage qui menace encore ce climat, amollis le cœur de nos tyrans, et rends à l'homme le droit qu'il a perdu dans le sein même de la Nature.

MIRZA. – Que nous sommes à plaindre !

ZAMORE. – Peut‑être avant peu notre sort va changer. Une morale douce et consolante a fait tomber en Europe le voile de l'erreur. Les hommes éclairés jettent sur nous des regards attendris : nous leur devrons le retour de cette précieuse liberté, le premier trésor de l'homme, et dont des ravisseurs cruels nous ont privés depuis si longtemps5.
Acte I, scène 1, orthographe modernisée.
1. Les habitants blancs de cette ile au large de l'Inde.
2. La technique.
3. Autochtones.
4. Abaissé.
5. Voir l'éclairage.
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Éclairage

Les Lumières prêtent aux esclaves une attitude passive face à leur sort, mais comme le rappelle Aimé Césaire, « [i]l ne faut pas oublier l'action extrêmement importante menée par les esclaves eux‑mêmes ! […] Toute l'histoire des colonies, c'est l'histoire des soulèvements d'esclaves ! ».
Regardez
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Questions

1. En quoi ce dialogue fait‑il écho aux préoccupations des philosophes des Lumières ?

2.
Grammaire
Identifiez et analysez la proposition subordonnée relative dans le passage en gras.
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Texte
Sarda Garriga, Proclamation de l'abolition de l'esclavage (1848)

Le 20 décembre 1848, plus de cinquante ans après les articles de l'Encyclopédie et la pièce d'Olympe de Gouges, Sarda Garriga proclame, au nom de la République française, l'abolition de l'esclavage. Cette date est désormais commémorée.

Mes amis.

Les décrets de la République française sont exécutés : Vous êtes libres. Tous égaux devant la loi, vous n'avez autour de vous que des frères.

La liberté, vous le savez, vous impose des obligations. Soyez dignes d'elle, en montrant à la France et au monde qu'elle est inséparable de l'ordre et du travail.

Jusqu'ici, mes amis, vous avez suivi mes conseils, je vous en remercie. Vous me prouverez que vous m'aimez en remplissant les devoirs que la Société impose aux hommes libres.

Ils seront doux et faciles pour vous. Rendre à Dieu ce qui lui appartient, travailler en bons ouvriers comme vos frères de France, pour élever vos familles ; voilà ce que la République vous demande.

Vous avez tous pris des engagements dans le travail : commencez‑en dès aujourd'hui la loyale exécution.

Un homme libre n'a que sa parole, et les promesses reçues par les magistrats sont sacrées.

Vous avez vous‑même librement choisi les propriétaires auxquels vous avez loué votre travail : vous devez donc vous rendre avec joie sur les habitations1 que vos bras sont destinés à féconder2 et où vous recevrez la juste rémunération de vos peines.

Je vous l'ai déjà dit, mes amis, la Colonie est pauvre, beaucoup de propriétaires ne pourront peut‑être payer le salaire convenu3 qu'après la récolte. Vous attendrez ce moment avec patience. Vous prouverez ainsi que le sentiment de fraternité recommandé par la République à ses enfants, est dans vos cœurs. [...]

Mes amis, travaillons tous ensemble à la prospérité de notre Colonie. Le travail de la terre n'est plus un signe de servitude depuis que vous êtes appelés à prendre votre part des biens qu'elle prodigue à ceux qui la cultivent.

Propriétaires et travailleurs ne feront plus désormais qu'une seule famille dont tous les membres doivent s'entraider. Tous libres, frères et égaux, leur union peut seule faire leur bonheur.

La République, mes amis, a voulu faire le vôtre en vous donnant la liberté. Qu'elle puisse dire que vous avez compris sa généreuse pensée, en vous rendant dignes des bienfaits que la liberté procure.

Vous m'appelez votre père ; et je vous aime comme mes enfants ; vous écouterez mes conseils : reconnaissance éternelle à la République française qui vous a fait libres ! et que votre devise soit toujours Dieu, la France et le Travail.

Vive la République !
Sarda Garriga
Proclamation de l'abolition de l'esclavage, 20 décembre 1848.
1. Les propriétés.
2. Rendre fécondes, prospères.
3. Le coût de la main d'œuvre, jusque là presque gratuite, est un défi majeur de l'abolition.
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L'esclavage en France
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