Français 1re

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Repères - Histoire
Partie 1 • Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle
L’épopée antique et la chanson de geste
La fin’amor et les romans de chevalerie
Récits comiques médiévaux et humanistes
Fictions baroques
Le classicisme
Les romans épistolaires
Le romantisme
Le réalisme
Le naturalisme
Les récits de guerre
L’exploration de la conscience
Interroger l’existence humaine
Le Nouveau Roman
Les récits de vie
Partie 2 • La littérature d’idées du XVIe au XVIIIe siècle
L’humanisme à la Renaissance
Le baroque
Le libertinage
Les moralistes de l’époque classique
Les philosophes des Lumières
Partie 3 • Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle
Le théâtre baroque
La tragédie classique
La comédie classique
Le théâtre au siècle des Lumières
Le drame romantique et le théâtre de boulevard
Les réécritures des mythes antiques
Du théâtre de la cruauté au théâtre de l’absurde
Les nouvelles formes de théâtre
Partie 4 • La poésie du XIXe au XXIe siècle
La poésie romantique
Le Parnasse
Les poètes maudits
Le symbolisme
Le surréalisme et l’OuLiPo
La poésie engagée : Résistance, négritude, créolité
La poésie contemporaine
Pour aller plus loin
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Chapitre 3.8
Texte 2

Albert Camus, Les Justes (1949)

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Texte

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Crédits : Lelivrescolaire.fr

Un groupe de socialistes révolutionnaires projette d'assassiner le grand‑duc Sergueï, qui règne en tyran sur la ville. Yanek Kaliayev, qui devait lancer la bombe, a fait échouer le premier attentat. Il s'explique.

KALIAYEV, égaré. – Je ne pouvais pas prévoir… Des enfants, des enfants surtout. As‑tu regardé des enfants ? Ce regard grave qu'ils ont parfois… Je n'ai jamais pu soutenir ce regard… Une seconde auparavant, pourtant dans l'ombre, au coin de la petite place, j'étais heureux. Quand les lanternes de la calèche1 ont commencé à briller au loin, mon cœur s'est mis à battre de joie, je te le jure. Il battait de plus en plus fort à mesure que le roulement de la calèche grandissait. Il faisait tant de bruit en moi. J'avais envie de bondir. Je crois que je riais. […] C'est à ce moment que je les ai vus. Ils ne riaient pas, eux. Ils se tenaient tout droits et regardaient dans le vide. Comme ils avaient l'air triste ! Perdus dans leurs habits de parade, les mains sur les cuisses, le buste raide de chaque côté de la portière ! Je n'ai pas vu la grande‑duchesse. Je n'ai vu qu'eux. S'ils m'avaient regardé, je crois que j'aurais lancé la bombe. Pour éteindre au moins ce regard triste. Mais ils regardaient toujours devant eux. (Il lève les yeux vers les autres. Silence. Plus bas encore.) Alors je ne sais pas ce qu'il s'est passé. Mon bras est devenu faible. Mes jambes tremblaient. Une seconde après, il était trop tard. (Silence. Il regarde à terre.) Dora, ai‑je rêvé, il m'a semblé que les cloches sonnaient à ce moment‑là ?

DORA. – Non, Yanek2, tu n'as pas rêvé.

Elle pose la main sur son bras. Kaliayev relève la tête et les voit tous tournés vers lui. Il se lève.

KALIAYEV. – Regarde‑moi, frères, regarde‑moi Boria3, je ne suis pas un lâche, je n'ai pas reculé. Je ne les attendais pas. Tout s'est passé trop vite. Ces deux petits visages sérieux et dans ma main, ce poids terrible. C'est sur eux qu'il fallait le lancer. Ainsi. Tout droit. Oh non ! Je n'ai pas pu. (Il tourne son regard de l'un à l'autre.) Autrefois, quand je conduisais la voiture, chez nous en Ukraine, j'allais comme le vent, je n'avais peur de rien. De rien au monde, sinon de renverser un enfant. J'imaginais le choc, cette tête frêle frappant la route, à la volée… (Il se tait.) Aidez-moi… (Silence.) Je voulais me tuer. Je suis revenu parce que je pensais que je vous devais des comptes, que vous étiez mes seuls juges […]. Si vous décidez qu'il faut tuer ces enfants, j'attendrai la sortie du théâtre et je lancerai seul la bombe sur la calèche. Je sais que je ne manquerai pas mon but. Décidez seulement, j'obéirai à l'Organisation.

STEPAN. – L'Organisation t'avait commandé de tuer le grand‑duc.

KALIAYEV. – C'est vrai. Mais elle ne m'avait pas demandé d'assassiner des enfants.

ANNENKOV. – Yanek a raison. Ceci n'était pas prévu.

STEPAN. – Il devait obéir. […]

DORA. – (À Stepan) Pourrais‑tu, toi, Stepan, les yeux ouverts, tirer à bout portant sur un enfant ?
Acte II, © Éditions Gallimard.
1. Le grand‑duc devait se rendre au théâtre en calèche, occasion choisie pour l'attentat.
2. Diminutif de Yvan (Kaliayev).
3. Chef du groupe terroriste.
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Ressource complémentaire

Découvrez la mise en scène d'Abd Al Malik au théâtre du Châtelet, à Paris, en 2019.

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Éclairage

En réponse à la pièce de Sartre, Les Mains sales (voir ), Camus met en scène un événement historique permettant d'interroger la notion de liberté : en 1905, le révolutionnaire russe Kaliayev a assassiné le grand‑duc Sergueï, gouverneur de Moscou et fils du tsar.
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Questions

1. Comment se traduit l'affrontement des idées dans ce texte ?

2. 
Grammaire
Analysez la subordonnée circonstancielle dans la phrase soulignée. Mettez‑la au présent et effectuez les transformations nécessaires.
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