Français 1re

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Repères - Histoire
Partie 1 • Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle
La fin’amor et les romans de chevalerie
Récits comiques médiévaux et humanistes
Fictions baroques
Le classicisme
Les romans épistolaires
Le romantisme
Le réalisme
Le naturalisme
Les récits de guerre
L’exploration de la conscience
Interroger l’existence humaine
Le Nouveau Roman
Les récits de vie
Partie 2 • La littérature d’idées du XVIe au XVIIIe siècle
L’humanisme à la Renaissance
Le baroque
Le libertinage
Les moralistes de l’époque classique
Les philosophes des Lumières
Partie 3 • Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle
Le théâtre baroque
La tragédie classique
La comédie classique
Le théâtre au siècle des Lumières
Le drame romantique et le théâtre de boulevard
Les réécritures des mythes antiques
Du théâtre de la cruauté au théâtre de l’absurde
Le théâtre engagé
Les nouvelles formes de théâtre
Partie 4 • La poésie du XIXe au XXIe siècle
La poésie romantique
Le Parnasse
Les poètes maudits
Le symbolisme
Le surréalisme et l’OuLiPo
La poésie engagée : Résistance, négritude, créolité
La poésie contemporaine
Pour aller plus loin
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Chapitre 1.1
Texte 3

Anonyme, Raoul de Cambrai (XIIe s.)

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Texte

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Crédits : Lelivrescolaire.fr

Dépossédé de son fief, Raoul de Cambrai veut s'emparer de la terre d'Herbert de Vermandois, qui a pourtant des héritiers. Les deux camps s'affrontent. Le chevalier Bernier, écuyer de Raoul, est aussi parent d'Herbert de Vermandois. Au plus fort de la bataille, Bernier supplie Raoul d'éviter le combat entre eux.

Quand Bernier voit que Raoul le combattant n'a que faire de sa prière, il éperonne son destrier1 avec vigueur. Raoul fait de même et s'élance vers lui. Tous deux se donnent de grands coups sur leurs écus2 et les pourfendent sous la boucle. Bernier, alors dans son droit, frappe Raoul : il lui plonge dans le corps sa bonne lance et le gonfanon3, de sorte qu'il l'arrête net. Raoul frappe Bernier avec une telle fureur que son écu et son haubert4 ne lui sont d'aucun secours, et il l'aurait tué, sachez‑le bien ; mais Dieu et le bon droit vinrent en aide à Bernier, et le fer ne fit que le frôler sur le côté. Bernier se retourne, furieux, et frappe Raoul sur son heaume5 étincelant, dont il fait tomber les fleurs et les pierres. Sa lourde épée tranche la coiffe du bon haubert et s'enfonce jusqu'à la cervelle. Raoul tombe de cheval, tête en avant. Les fils de Herbert en sont remplis de joie. Mais tel en est joyeux qui plus tard s'en affligera, comme vous l'entendrez si je chante pour vous longtemps.

Le comte Raoul tente de se redresser. Avec une grande force, il tire son épée d'acier. Si vous l'aviez vu lever son épée vers le ciel ! Mais il ne trouve où l'abattre, la lame frappe la terre et s'y enfonce de toute sa longueur. Il ne peut l'en retirer qu'à grand peine. Sa belle bouche se serre, ses yeux brillants s'obscurcissent. Il invoque Dieu, le tout puissant : « Glorieux père, juge suprême, comme je vois à présent mon corps s'affaiblir ! [...] Secourez‑moi, douce dame du ciel ! » Bernier l'entend, peu s'en faut qu'il n'en perde la raison. Sous son heaume il se met à pleurer, et il dit à voix haute : « Ah ! sire Raoul, fils de noble femme, tu m'adoubas6, cela je ne puis le nier. Mais depuis je l'ai durement payé. Tu as brûlé ma mère dans un monastère et moi tu m'as brisé la tête. Certes, tu m'en as offert réparation, cela je ne puis le nier, et je ne cherche plus à me venger. » Le comte Ernaud se met à crier :

« Laisse cet homme mort venger son poing7 !

– Vraiment, dit Bernier, je ne veux pas vous en empêcher. Mais il est mort. À quoi bon y toucher ?

– J'ai bien des raisons d'être en colère. »

Il fait passer son cheval à gauche et tenant son épée d'acier dans son poing droit, il frappe Raoul sans pitié sur son heaume qu'il veut briser et dont il fait sauter la pierre centrale. Il tranche la coiffe du haubert double et trempe son épée dans la cervelle. Cela ne lui suffit pas, alors il reprend son épée et la plonge tout entière dans le corps de Raoul. L'âme du noble chevalier s'en va. Que Dieu la reçoive, s'il est permis de faire cette prière !
Laisses CLIV - CLV, traduit de l'ancien français par Stanislaw Eon du Val, 2021.
1. Cheval de bataille.
2. Boucliers.
3. Étendard fixé sous le fer de la lance.
4. Cotte de mailles, cuirasse composée d'une chemise et (ici) d'une capuche (coiffe).
5. Casque.
6. Tu fis de moi ton chevalier.
7. Au cours d'un précédent combat, Raoul a tranché le poing gauche d'Ernaud.
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Doc. 

Placeholder pour Vincent de Beauvais, Scène de
bataille,Vincent de Beauvais, Scène de
bataille,
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Vincent de Beauvais, Scène de bataille, enluminure, XVe siècle, Musée Condé, Chantilly.
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Questions

1. En quoi ce récit épique permet-il également une réflexion sur le code moral des chevaliers ?

2.
Grammaire
Reformulez la proposition soulignée sous forme de subordonnée circonstancielle, que vous analyserez.
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