Je remercie bien sincèrement mes collègues du Bureau d'avoir bien voulu admettre qu'après le représentant distingué de l'Allemagne, celui de la France pût monter à cette tribune pour saluer la délégation allemande dès son entrée dans cette assemblée et pour vous apporter l'assurance de l'esprit cordial et sincère dans lequel nous sommes décidés à collaborer avec elle à l'œuvre de pacification internationale.[...]
Ah ! Messieurs, les ironistes, les détracteurs de la Société des Nations, ceux qui se plaisent journellement à mettre en doute sa solidité et qui périodiquement annoncent sa disparition, que pensent‑ils s'ils assistent à cette séance ? N'est‑ce pas un spectacle émouvant [...] que, quelques années à peine après la plus effroyable guerre qui ait jamais bouleversé le monde, alors que les champs de bataille sont encore presque humides de sang, [...] les mêmes peuples qui se sont heurtés si rudement se rencontrent dans cette assemblée pacifique et s'affirment mutuellement leur volonté commune de collaborer à l'œuvre de la paix universelle. Quelle espérance pour les peuples ! [...]
Messieurs, la paix, pour l'Allemagne et pour la France, cela veut dire : [...] plus de guerres, plus de solutions brutales et sanglantes à nos différends ! Certes, ils n'ont pas disparu, mais, désormais c'est le juge qui dira le droit. Comme les individus, qui s'en vont régler leurs difficultés devant le magistrat, nous aussi nous réglerons les nôtres par des procédures pacifiques. Arrière les fusils, les mitrailleuses, les canons ! Place à la conciliation, à l'arbitrage, à la paix !