Au marché de Brive‑la‑Gaillarde
À propos de bottes d'oignons,
Quelques douzaines de gaillardes
Se crêpaient un jour le chignon.1
À pied, à cheval, en voiture,
Les gendarmes mal inspirés
Vinrent pour tenter l'aventure
D'interrompre l'échauffourée2
Or, sous tous les cieux, sans vergogne3
C'est un usage bien établi,
Dès qu'il s'agit de rosser les cognes4
Tout le monde se réconcilie.
Ces furies perdant toute mesure
Se ruèrent sur les guignols,
Et donnèrent, je vous l'assure
Un spectacle assez croquignol. [...]
Frénétique, l'une d'elles attache
Le vieux maréchal des logis5
Et lui fait crier : « Mort aux vaches,
Mort aux lois, vive l'anarchie ! »
Une autre fourre avec rudesse
Le crâne d'un de ses lourdauds
Entre ses gigantesques fesses
Qu'elle serre comme un étau.
La plus grasse de ces femelles
Ouvrant son corsage dilaté
Matraque à grands coups de mamelles
Ceux qui passent à sa portée.
Ils tombent, tombent, tombent, tombent,
Et selon les avis compétents
Il paraît que cette hécatombe
Fut la plus belle de tous les temps.
Jugeant enfin que leurs victimes
Avaient eu leur content de gnons6
Ces furies comme outrage ultime
En retournant à leurs oignons,
Ces furies, à peine si j'ose
Le dire tellement c'est bas,
Leur auraient même coupé les choses,
Par bonheur, ils n'en avaient pas.
Leur auraient même coupé les choses,
Par bonheur, ils n'en avaient pas.
Se disputaient violemment, se battaient (fam.).
Émeute.
Sans scrupules, sans honte.
Frapper les gendarmes (fam.).
Sous‑officier de gendarmerie.
Avaient eu assez de coups.