Français 4e - 2022

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Texte et image 1
Texte intégral

« J'ai voulu les tuer »

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L'avocat avait plaidé la folie. Comment expliquer autrement ce crime étrange ? On avait retrouvé un matin, dans les roseaux, près de Chatou1, deux cadavres enlacés, la femme et l'homme, deux mondains2 connus, riches, plus tout jeunes, et mariés seulement de l'année précédente, la femme n'étant veuve que depuis trois ans.
On ne leur connaissait point d'ennemis, ils n'avaient pas été volés. Il semblait qu'on les eût jetés de la berge dans la rivière, après les avoir frappés, l'un après l'autre, avec une longue pointe de fer.
L'enquête ne faisait rien découvrir. Les mariniers3 interrogés ne savaient rien ; on allait abandonner l'affaire, quand un jeune menuisier d'un village voisin, nommé Georges Louis, dit Le Bourgeois, vint se constituer prisonnier.
À toutes les interrogations, il ne répondit que ceci :
– Je connaissais l'homme depuis deux ans, la femme depuis six mois. Ils venaient souvent me faire réparer des meubles anciens, parce que je suis habile dans le métier.
Et quand on lui demandait :
– Pourquoi les avez-vous tués ?
Il répondait obstinément :
– Je les ai tués parce que j'ai voulu les tuer.
On n'en put tirer autre chose.
Cet homme était un enfant naturel4 sans doute, mis autrefois en nourrice5 dans le pays, puis abandonné. Il n'avait pas d'autre nom que Georges Louis, mais comme, en grandissant, il devint singulièrement intelligent, avec des goûts et des délicatesses natives que n'avaient point ses camarades, on le surnomma : « le bourgeois » ; et on ne l'appelait plus autrement. Il passait pour remarquablement adroit dans le métier de menuisier qu'il avait adopté. Il faisait même un peu de sculpture sur bois. On le disait aussi fort exalté6, partisan des doctrines communistes et même nihilistes7, grand liseur de romans d'aventures, de romans à drames sanglants, électeur influent et orateur habile dans les réunions publiques d'ouvriers ou de paysans.
L'avocat avait plaidé la folie.
Comment pouvait-on admettre, en effet, que cet ouvrier eût tué ses meilleurs clients, des clients riches et généreux (il le reconnaissait), qui lui avaient fait faire, depuis deux ans, pour trois mille francs de travail (ses livres en faisaient foi) ? Une seule explication se présentait : la folie, l'idée fixe du déclassé8 qui se venge sur deux bourgeois de tous les bourgeois [...].
Alors le président posa au prévenu9 la question d'usage :
– Accusé, n'avez-vous rien à ajouter pour votre défense ?
L'homme se leva. Il était de petite taille, d'un blond de lin, avec des yeux gris, fixes et clairs. Une voix forte, franche et sonore sortait de ce frêle garçon et changeait brusquement, aux premiers mots, l'opinion qu'on s'était faite de lui.
Il parla hautement, d'un ton déclamatoire, mais si net que ses moindres paroles se faisaient entendre jusqu'au fond de la grande salle :
– Mon président, comme je ne veux pas aller dans une maison de fous, et que je préfère même la guillotine, je vais tout vous dire.
J'ai tué cet homme et cette femme parce qu'ils étaient mes parents.
Maintenant, écoutez-moi et jugez-moi.
À suivre...
Guy de Maupassant
« Un parricide », Le Gaulois, 25 septembre 1882, Contes du jour et de la nuit, 1885.

1. Ville des bords de Seine, aujourd'hui dans le département des Yvelines (région parisienne).
2. Personnes aisées, qui fréquentent les gens les plus en vue.
3. Personnes qui conduisent des embarcations sur les rivières ou les canaux.
4. Né hors mariage, illégitime, « bâtard ».
5. Confié à une nourrice.
6. Passionné, enflammé, fougueux.
7. Révolutionnaires, anarchistes.
8. Qui n'appartient plus à sa classe sociale d'origine, mais à une classe inférieure.
9. À l'accusé.

Lecture du texte

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Guy de Maupassant

 (1850-1893)
Guy de Maupassant (1850-1893) est écrivain et journaliste. Disciple de Gustave Flaubert et ami d'Émile Zola, il a écrit des romans réalistes (comme Bel-Ami, voir ) et des centaines de nouvelles fantastiques ou inspirées de faits divers.
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Supplément numérique

Pour connaître le fonctionnement d'un procès pour crime, retrouvez une présentation des différents acteurs sur et , ainsi qu'une vidéo sur le .
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Frédéric Lix, Caserio, l'assassin du Président Carnot, à la une du Petit journal, supplément illustré du 30 juillet 1894, lithographie en couleurs.
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Questionnement A

Compréhension

A-1. Résumez l'intrigue en deux ou trois phrases.
A-2. Faites le portrait de Georges Louis (physique, tempérament, origines, etc.) en citant le texte.

Analyse et interprétation

A-3. Pourquoi Georges Louis apparaît-il comme un homme étonnant ?
A-4. Dans quel état d'esprit semble-t-il être à la fin de l'extrait ?
A-5. a) Pourquoi ce qu'il dit dans ces lignes est-il intéressant pour l'histoire ?
A-5. b) Selon vous, pourquoi le narrateur donne-t-il cette information si tardivement ?
A-6. Image L'homme au milieu correspond-il à l'image que vous vous faites de Georges Louis ? Commentez notamment l'attitude de l'accusé.
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Questionnement B

Compréhension

B-1. Relevez les nuances et contrastes du portrait de Georges Louis dans cet extrait.
B-2. Qui se cache derrière le pronom « on » dans cet extrait ? Répondez pour chaque occurrence.

Analyse et interprétation

B-3. Expliquez avec vos mots l'hypothèse sur la raison du crime avancée par l'avocat.
B-4. Anticipez la suite. Comment Georges Louis va-t-il justifier son acte à votre avis ? Sur quels indices du texte vous êtes-vous appuyé(e) pour répondre ?
B-5. Montrez que ce début de nouvelle est réaliste, en vous aidant si besoin de la .
B-6. Image a) Selon vous, à qui appartiennent les ombres au premier plan ?
B-6. b) Quel rôle est-on invité à jouer quand on regarde cette image ? Expliquez.
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Question commune
Comment Maupassant nous donne-t-il envie de lire la suite de la nouvelle ?
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