Français 4e - 2022

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Questionnement 1 : Dire l'amour
Ch. 1
Comment dire les nuances de l'amour ?
Ch. 2
Roméo et Juliette : une histoire d’amour mythique ?
Questionnement 2 : Individu et société : confrontations de valeurs ?
Ch. 3
Des valeurs en confrontation ?
Ch. 4
Le Cid entre amour, honneur et devoir ?
Ch. 5
Les Misérables : un roman réaliste ?
Questionnement 3 : La fiction pour interroger le réel
Ch. 7
« Magie » : un récit aux frontières du réel ?
Questionnement 4 : Informer, s’informer, déformer ?
Ch. 8
Comment mieux informer et s’informer ?
Questionnement complémentaire : La ville, lieu de tous les possibles ?
Ch. 9
La ville, un personnage de roman ?
Ch. 10
Comment la science-fiction imagine-t-elle la ville ?
Étude de la langue
Ch. 11
Lexique
Ch. 12
Grammaire
Ch. 13
Conjugaison
Ch. 14
Orthographe
Fiches méthode
Livret Brevet
Annexes
Chapitre 6
Texte et image 4
Texte intégral

« Maintenant, jugez-moi »

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Alors il1 s'emporta, devenu très pâle, épouvanté par la pensée que le scandale évité jusqu'ici pouvait éclater soudain ; que leur situation, leur renom2, leur honneur seraient perdus d'un seul coup ; il balbutiait : « Vous êtes une canaille qui voulez nous tirer de l'argent. Faites donc du bien au peuple, à ces manants-là3, aidez-les, secourez-les ! »
Ma mère, éperdue, répétait coup sur coup : « Allons-nous-en, allons-nous-en. »
Alors, comme la porte était fermée, il cria : « Si vous ne m'ouvrez pas tout de suite, je vous fais flanquer en prison pour chantage et violence ! »
J'étais resté maître de moi ; j'ouvris la porte et je les vis s'enfoncer dans l'ombre.
Alors il me sembla tout à coup que je venais d'être fait orphelin, d'être abandonné, poussé au ruisseau. Une tristesse épouvantable, mêlée de colère, de haine, de dégoût, m'envahit ; j'avais comme un soulèvement de tout mon être, un soulèvement de la justice, de la droiture, de l'honneur, de l'affection rejetée. Je me mis à courir pour les rejoindre le long de la Seine qu'il leur fallait suivre pour gagner la gare de Chatou.
Je les rattrapai bientôt. La nuit était venue toute noire. J'allais à pas de loup sur l'herbe, de sorte qu'ils ne m'entendirent pas. Ma mère pleurait toujours. Mon père disait : « C'est votre faute. Pourquoi avez-vous tenu à le voir ! C'était une folie dans notre position. On aurait pu lui faire du bien de loin, sans se montrer. Puisque nous ne pouvons le reconnaître, à quoi servaient ces visites dangereuses ? »
Alors, je m'élançai devant eux, suppliant. Je balbutiai : « Vous voyez bien que vous êtes mes parents. Vous m'avez déjà rejeté une fois, me repousserez-vous encore ? »
Alors, mon président, il leva la main sur moi, je vous le jure sur l'honneur, sur la loi, sur la République. Il me frappa, et comme je le saisissais au collet4, il tira de sa poche un revolver.
J'ai vu rouge, je ne sais plus, j'avais mon compas dans ma poche ; je l'ai frappé, frappé tant que j'ai pu.
Alors elle s'est mise à crier : « Au secours ! À l'assassin ! » en m'arrachant la barbe. Il paraît que je l'ai tuée aussi. Est-ce que je sais, moi, ce que j'ai fait à ce moment-là ?
Puis, quand je les ai vus tous les deux par terre, je les ai jetés à la Seine, sans réfléchir.
Voilà. Maintenant, jugez-moi.
L'accusé se rassit. Devant cette révélation, l'affaire a été reportée à la session5 suivante. Elle passera bientôt. Si nous étions jurés, que ferions-nous de ce parricide ?
Guy de Maupassant
« Un parricide », Le Gaulois, 25 septembre 1882, Contes du jour et de la nuit, 1885.

1. Le père de Georges Louis.
2. Leur renommée, leur réputation.
3. Ces paysans, ces misérables. Cette phrase est adressée à sa femme autant qu'à son fils : « Voilà ce qui arrive quand on vient en aide aux misérables comme vous ! »
4. Col.
5. Séance.

Lecture du texte

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Supplément numérique

Retrouvez un extrait du roman de Victor Hugo intitulé Claude Gueux, dans lequel le personnage principal s'adresse au juge et aux jurés lors de son procès criminel.

Claude jugea que tout n'était pas dit. Il se leva à son tour. Il parla de telle sorte qu'une personne intelligente qui assistait à cette audience s'en revint frappée d'étonnement. Il paraît que ce pauvre ouvrier contenait bien plutôt un orateur qu'un assassin. Il parla debout, avec une voix pénétrante et bien ménagée, avec un œil clair, honnête et résolu, avec un geste presque toujours le même, mais plein d'empire. Il dit les choses comme elles étaient, simplement, sérieusement, sans charger ni amoindrir, convint de tout, regarda l'article 296 en face, et posa sa tête dessous. Il eut des moments de véritable haute éloquence qui faisaient remuer la foule, et où l'on se répétait à l'oreille dans l'auditoire ce qu'il venait de dire. Cela faisait un murmure pendant lequel Claude reprenait haleine en jetant un regard fier sur les assistants. Dans d'autres instants, cet homme qui ne savait pas lire était doux, poli, choisi, comme un lettré ; puis, par moments encore, modeste, mesuré, attentif, marchant pas à pas dans la partie irritante de la discussion, bienveillant pour les juges. Une fois seulement, il se laissa aller à une secousse de colère. Le procureur du roi avait établi dans le discours que nous avons cité en entier que Claude Gueux avait assassiné le directeur des ateliers sans voie de fait ni violence de la part du directeur, par conséquent sans provocation.
— Quoi ! s'écria Claude, je n'ai pas été provoqué ! Ah ! oui, vraiment, c'est juste. Je vous comprends. Un homme ivre me donne un coup de poing, je le tue, j'ai été provoqué, vous me faites grâce, vous m'envoyez aux galères. Mais un homme qui n'est pas ivre et qui a toute sa raison me comprime le cœur pendant quatre ans, m'humilie pendant quatre ans, me pique tous les jours, toutes les heures, toutes les minutes, d'un coup d'épingle à quelque place inattendue pendant quatre ans ! J'avais une femme pour qui j'ai volé, il me torture avec cette femme ; j'avais un enfant pour qui j'ai volé, il me torture avec cet enfant ; je n'ai pas assez de pain, un ami m'en donne, il m'ôte mon ami et mon pain. Je redemande mon ami, il me met au cachot. Je lui dis vous, à lui mouchard, il me dit tu. Je lui dis que je souffre, il me dit que je l'ennuie. Alors que voulez-vous que je fasse ? Je le tue. C'est bien. Je suis un monstre, j'ai tué cet homme, je n'ai pas été provoqué, vous me coupez la tête. Faites ! —
Victor Hugo
Claude Gueux, 1834.
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Écoute

Après avoir lu et écouté l'intégralité de la nouvelle, quel(s) sentiment(s) éprouvez-vous au sujet de l'histoire de Georges Louis ?
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Placeholder pour Gustave Courbet, Le Désespéré, 1843-1845, huile sur toile, 45 × 54 cm (collection privée).Gustave Courbet, Le Désespéré, 1843-1845, huile sur toile, 45 × 54 cm (collection privée).
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Gustave Courbet, Le Désespéré, 1843-1845, huile sur toile, 45 × 54 cm (collection privée).
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George Frederick Watts, Retrouvée noyée, vers 1850, huile sur toile, 219 × 119 cm (Watts Gallery, Compton, Angleterre).
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Questions

Compréhension

1. Comment et pourquoi Georges Louis tue-t-il ses parents ?
2. Quels sentiments poussent Georges Louis à accomplir ce crime ? Citez le texte pour répondre.

Analyse et interprétation

3. a) De qui le père parle-t-il lorsqu'il dit : « Faites donc du bien au peuple, à ces manants-là, aidez-les, secourez-les ! » ?
3. b) Comment comprenez-vous cette réplique ? Proposez une reformulation.
3. c) En quoi ces deux phrases sont-elles violentes ?
4. a) Quel mot est répété à plusieurs reprises en tête de paragraphe ?
4. b) Nommez la figure de style employée.
4. c) Que montre cette répétition ?
5. Comment l'amnésie de Georges Louis après le meurtre se traduit-elle ? Citez le texte et analysez les tournures employées par le personnage.
6. Comment qualifieriez-vous la fin de cette nouvelle ?
7. Maintenant que vous avez lu la nouvelle dans son intégralité, expliquez en quoi elle est réaliste (voir ).
8. Image a) Expliquez le titre de cet autoportrait en décrivant le tableau.
8. b) En quoi cette toile pourrait-elle être le portrait de Georges Louis ?

Langue

9. Identifiez et justifiez l'emploi des temps dans la phrase suivante : « Si nous étions jurés, que ferions nous de ce parricide ? ».

Écriture

10. Choisissez l'un des deux sujets suivants :
  • Le verdict est rendu à la « session suivante ». Racontez la suite de l'histoire en veillant à alterner entre des passages de récit et de description au passé et des passages au discours direct. Vous pourrez notamment faire parler le président du tribunal, Georges Louis, les avocats. (30-40 lignes)
  • Répondez à la question du narrateur à la fin de la nouvelle : rédigez un réquisitoire ou une plaidoirie pour accuser ou défendre Georges Louis, en vous appuyant sur ses propos. (30-40 lignes)
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