MAROTTE, CATHOS, MAGDELON
MAROTTE. – Voilà un laquais qui demande si vous êtes
au logis, et dit que son maître vous veut venir voir.
MAGDELON. – Apprenez, sotte, à vous énoncer
moins vulgairement. Dites : « Voilà un nécessaire qui
demande si vous êtes en commodité d'être visibles. »
MAROTTE. – Dame, je n'entends point le latin, et je n'ai
pas appris, comme vous, la filofie dans le Grand Cyre.
MAGDELON. – L'impertinente ! Le moyen de souffrir
cela ! Et qui est-il le maître de ce laquais ?
MAROTTE. – Il me l'a nommé le marquis de Mascarille.
MAGDELON. – Ah ! ma chère, un marquis ! Oui, allez
dire qu'on nous peut voir. C'est sans doute un bel
esprit, qui aura ouï parler de nous.
CATHOS. – Assurément, ma chère.
MAGDELON. – Il faut le recevoir dans cette salle basse,
plutôt qu'en notre chambre : ajustons un peu nos cheveux
au moins, et soutenons notre réputation. Vite,
venez nous tendre, ici dedans, le conseiller des Grâces.
MAROTTE. – Par ma foi, je ne sais point quelle bête
c'est là ; il faut parler chrétien, si vous voulez que je
vous entende.
CATHOS. – Apportez-nous le miroir, ignorante que
vous êtes. Et gardez-vous bien d'en salir la glace, par la
communication de votre image. (
Elles sortent)