Le couloir situé entre l'Iran et les Émirats arabes unis est stratégique pour le trafic pétrolier. Il est aussi le théâtre de multiples affrontements, depuis la guerre Iran-Irak jusqu'aux récentes tensions entre Téhéran et Washington.
[...] En plus d'être l'épine dorsale du système énergétique international, Ormuz se trouve sur la ligne de faille entre l'Iran et l'Arabie Saoudite, deux puissances à couteaux tirés, qui se disputent la suprématie régionale.
La guerre économique décrétée par les États-Unis contre la République islamique, menée à coups de sanctions contre son industrie pétrolière, et les rituelles menaces de fermeture du détroit, proférées en riposte par les dirigeants de Téhéran, ont redonné au lieu son cachet sulfureux. Ultrasurveillé, ultramilitarisé, Ormuz est une boîte de Pandore géostratégique. [...]
En mai 2018, la décision de la Maison Blanche de se retirer de l'accord sur le nucléaire iranien, signé trois ans plus tôt, renvoie Ormuz, vieille connaissance occidentale, au premier plan de l'actualité. À la politique de « pression maximale » mise en oeuvre par Donald Trump pour l'obliger à accepter un accord plus contraignant, l'Iran répond par de nouvelles menaces de fermeture du corridor maritime. « Si notre pétrole ne peut pas passer par ce détroit, sans doute le pétrole des autres pays n'y passera pas non plus », clame, en mai 2019, le général Mohammad Bagheri, le chef d'état-major iranien. [...]
[Mais] la planète pétrole a changé, et Ormuz aussi. Grâce à l'huile de schiste, les Américains sont devenus les premiers producteurs mondiaux d'or noir, devant les Saoudiens et les Russes. En 2019, les États-Unis n'importent plus que 16 % de leur pétrole du Proche-Orient – contre 26 % six ans plus tôt. Les plus gros acheteurs de pétrole sont désormais asiatiques.