En 1782, le
premier tirage des
Liaisons dangereuses est
prudent :
2000 exemplaires. Mais très vite, le succès est au rendez-vous et la gloire de cette œuvre perdure à travers les époques.
Le roman fait ainsi l'objet de
nombreuses adaptations,
au
théâtre d'abord, puis au cinéma au XX
e siècle. Parmi
ces transpositions à l'écran, on peut citer
Les Liaisons
dangereuses 1960 de Roger Vadim (1959), avec Jeanne
Moreau et Gérard Philippe dans les rôles-titres de Merteuil
et Valmont : l'action est ici transposée dans les
années 1960, comme le titre du film l'indique ; puis
Les
Liaisons dangereuses (
Dangerous Liaisons) de Stephen
Frears et
Valmont de Miloš Forman (1989), qui sont deux
adaptations en costumes, assez fidèles au roman ;
Sexe
Intentions (
Cruel Intentions) de Roger Kumble (1999) : une
version pour adolescents qui se déroule dans un milieu
fortuné aux États-Unis ; et, enfin, une version coréenne,
très esthétisée,
Untold Scandal de Lee Jae-Yung (2003).
Sans avoir lu le livre, tout le monde croit le connaître, tant
ce roman semble faire partie de notre culture commune.
Des Liaisons dangereuses, on retient généralement l'
atmosphère
sulfureuse, une
intrigue libertine que l'on placerait
quelque part entre les mémoires du fameux séducteur
(1725-1798) et un roman du
(1740-1814). Si l'oeuvre est marquante pour cela, elle l'est
aussi pour d'autres raisons : il s'agit en effet d'un livre
qui s'inscrit dans la
réflexion sur l'éducation des femmes,
poursuivant ainsi les pistes ouvertes par Rousseau dans
le dernier chapitre de l'
Émile (1762). Le roman de Laclos
n'est pas exempt non plus d'une
forte portée morale,
voire moralisatrice, dénonçant
les travers d'une société
hypocrite dans laquelle les puissants peuvent agir en
toute impunité.
Les Liaisons dangereuses est, en somme, une
œuvre complexe,
ambiguë, bien loin d'une apologie du libertinage.