Les discours tenus sur la vieillesse sont tels que nous en arrivons à la considérer comme quelque chose de douloureux, comme une épreuve […]. Partout, on entend parler du « problème du vieillissement de la population ». À force d'y avoir porté une attention presque exclusivement économique, on la regarde comme quelque chose qui va coûter cher. On confond la vieillesse avec les problèmes qu'elle pose. La vieillesse est de plus en plus vue comme une maladie dont le spécialiste est devenu le médecin gériatre. Enfin, nous avons aussi fait de la vieillesse un délit dont se rendent coupables les vieux qui n'ont pas l'élégance de quitter la scène avant de coûter à la société. Ce discours est incroyablement culpabilisant. Au lieu de se réjouir, une dame de 93 ans me disait récemment, des larmes dans les yeux : « Que voulez‑vous, ce n'est quand même pas de ma faute si je ne suis pas encore morte ! »

« Ensemble 2 générations » est un intermédiaire. L'association met en relation une personne âgée qui vit dans un logement trop grand pour elle et un étudiant qui n'a pas les moyens de payer un loyer. Le concept est d'une simplicité arithmétique : en échange d'une chambre, l'étudiant donne un peu de son temps pour tenir compagnie à son logeur. […] Le développement du logement intergénérationnel peut aider à retarder l'entrée des personnes âgées en maison de retraite, ce qui induit une économie pour la collectivité et pour la personne âgée qui se partagent le coût. Selon l'enquête 2012 de l'Observatoire des établissements hospitaliers pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) le coût moyen d'un résident en Ehpad (hors Île‑de‑France) s'élève à 2 400 euros/mois dont près de 1 700 euros pour l'hébergement et la prise en charge de la dépendance (le troisième poste concerne les soins médicaux). Côté étudiant, l'absence ou la faiblesse du loyer réduit le recours aux dispositifs d'aide au logement. Cette économie pour la collectivité s'ajoute aux bienfaits en matière de lien social et de « vivre ensemble ».