Au lendemain des Trois Glorieuses, le poète Auguste Barbier emploie déjà la métaphore de la curée pour dénoncer les opportunistes qui s'accaparent les résultats et les honneurs de la révolution.
Mais, ô honte ! Paris, si beau dans sa colère,
Paris, si plein de majesté
Dans ce jour de tempête où le vent populaire
Déracina la royauté,
[…]
Paris n'est maintenant qu'une sentine
impure,
Un égout sordide et boueux,
Où mille noirs courants de limon et d'ordure
Viennent traîner dans leurs flots honteux ;
Un taudis regorgeant de faquins
sans courage,
D'effrontés coureurs de salons,
Qui vont de porte en porte, et d'étage en étage,
Gueusant
quelque bout de galons ;
Une halle cynique aux clameurs insolentes,
Où chacun cherche à déchirer
Un misérable coin de guenilles sanglantes
Du pouvoir qui vient d'expirer.
Ainsi, quand désertant sa bauge
solitaire,
Le sanglier, frappé de mort,
Est là, tout palpitant, étendu sur la terre,
Et sous le soleil qui le mord ;
Lorsque, blanchi de bave et la langue tirée,
Ne bougeant plus en ses liens,
Il meurt, et que la trompe a sonné la curée
À toute la meute des chiens,
Toute la meute, alors, comme une vague immense,
Bondit ; alors chaque mâtin
Hurle en signe de joie, et prépare d'avance
Ses larges crocs pour le festin.