Élevé dans un milieu bourgeois, il n'avait jamais connu de vraies difficultés d'argent. Nathalie et lui avaient un compte joint, un livret de Caisse d'épargne, une assurance vie et un emprunt pour l'appartement […].
Quelquefois, […], il trouvait dans sa boîte à lettres des publicités pour des établissements de crédit. « Puisez dans votre réserve d'argent à votre gré », dit Sofinco. « Faites-vous plaisir dès aujourd'hui », propose Finaref. « Besoin d'argent ? Rapidement ? », s'inquiète Cofidis. « C'est le moment d'en profiter », assure Cofinoga. Il les jetait à la poubelle sans y prêter attention.
Depuis qu'il voyait défiler à l'audience ceux qui les avaient signés, il considérait d'un autre œil ces imprimés. Il découvrait combien il est facile de persuader les pauvres que, même pauvres, ils peuvent s'acheter une machine à laver, une voiture, une console Nintendo pour les enfants ou simplement de quoi manger, qu'ils rembourseront plus tard et que ça ne leur coûtera autant dire rien de plus que s'ils réglaient comptant […].
Le coût extrêmement élevé de ce crédit figure en tout petits caractères au verso de l'offre, on en prend connaissance ou pas, le plus souvent pas, de toute manière on signe parce que c'est le seul moyen quand on n'a pas d'argent de s'acheter ce dont on a besoin, ou d'ailleurs pas toujours besoin mais envie, simplement envie.