Les liens sociaux sont-ils fragilisés ?

Dans cet entretien, la sociologue Isabelle Coutant raconte l'occupation d'un lycée en voie de réhabilitation, dans le quartier de la place des Fêtes dans le XIX^e arrondissement de Paris, par des « migrants » et le collectif La Chapelle qui leur vient en soutien et auquel elle a participé. Le nom du collectif est celui du quartier de Paris d'où venaient ces migrants.

Le contexte spécifique du quartier a joué de manière indirecte : c'est pour les migrants mais aussi parce que ce quartier était perçu comme relativement fragile, du fait de ces caractéristiques, que des habitants ont voulu s'impliquer ; il s'agissait de préserver son équilibre. […]. Depuis des décennies, les habitants sont habitués à cohabiter avec des gens d'origine diverse. Il est une autre caractéristique du quartier qui à mon avis est peut-être plus importante à prendre en considération : c'est un quartier de locataires, pour beaucoup dans le logement social, en partie intermédiaire (50 % des habitants sont locataires dans le parc social sur le quartier de la place des Fêtes, et 90 % dans le secteur immédiatement connexe du lycée occupé). […] Du côté des réticences exprimées par l'association des Amis de la place des Fêtes, […], l'argument était celui d'un équilibre local fragile à préserver : ils rappelaient que les HLM voisins du lycée Jean-Quarré venaient d'être classés en « contrat de ville » et que la réputation du collège qui lui faisait face était déjà malmenée. Ils rappelaient également que d'autres bâtiments alentour avaient été réquisitionnés dans les mois précédents pour héberger des populations en situation d'urgence. Ils demandaient à la Ville de mieux répartir la « fonction de solidarité » entre les différents arrondissements.

En 2017, en France métropolitaine, le taux de chômage au sens du BIT¹ atteint 9,2 % des actifs de 15 à 64 ans (moyenne annuelle). […] En 2016/2017, près d'un participant au marché du travail sur trois (31,6 %) est contraint au moins une fois sur une fenêtre d'un an : parmi eux, 11,0 % ne sont jamais en emploi, 13,2 % alternent emploi et non‑emploi contraint et 7,4 % sont toujours en emploi et au moins une fois en sous‑emploi².