Mais au milieu des massacres bondit une Amazone1, le flanc découvert
pour mieux combattre ; c'est Camille avec son carquois2.
Tantôt son bras répand une pluie serrée de souples javelots,
tantôt sa droite infatigable brandit une forte hache à deux tranchants.
Sur son épaule, sonnent l'arc d'or et les armes de Diane3. [...]
Qui est la première victime de ton trait, vierge farouche, qui la dernière ?
Combien de corps moribonds4 étends-tu sur le sol ?
Il y a d'abord là devant elle, Eunée, le fils de Clytius,
la poitrine découverte, qu'elle transperce d'une longue pique de bois.
Vomissant des flots de sang, il tombe, mord la terre sanglante
et en mourant se tord autour de sa blessure.
[...] Au loin paraît Ornytus,
le chasseur, avec ses armes singulières et son cheval iapyge5:
une peau de jeune taureau couvre les larges épaules du guerrier ;
la gueule béante et les mâchoires d'un loup
aux crocs blancs protègent son énorme tête
et un épieu grossier arme ses mains ; il va et vient
parmi les escadrons qu'il domine de toute la tête. Sans peine,
Camille le cueille, sa colonne venant de tourner bride6 ;
elle le transperce et, pleine d'agressivité, ajoute :
« Croyais-tu, Tyrrhénien, poursuivre des bêtes dans tes forêts ?
Il est arrivé le jour où les armes d'une femme confondront votre jactance7. »
[...] Fuyant Orsiloque
qui l'a pourchassée dans un large cercle, elle, de l'intérieur du cercle
l'esquive par une volte et de poursuivie, devient poursuivante.
Dressée alors de toute sa taille, par deux fois de sa hache puissante
elle frappe l'armure et les os de l'homme qui la prie et la supplie ;
la cervelle s'échappe toute tiède de la blessure et lui inonde le visage.
Femme guerrière mythique du Moyen‑Orient. Les Amazones se coupaient le sein droit pour mieux tirer à l'arc.