Demoiselle, je vous salue, comme ma mère me l'a appris. Elle m'a bien recommandé de saluer les jeunes filles.
La jeune fille tremblait de peur, car le garçon lui semblait fou. Elle‑même se tenait pour folle d'être restée ainsi toute seule.
Jeune homme, passe ton chemin, lui dit-elle, avant que mon ami ne te trouve ici !
– Avant de partir, je dois vous donner un baiser ! C'est ce que ma mère m'a enseigné1.
– Jamais tu ne m'embrasseras, répondit-elle. Fuis avant que mon ami ne vienne ! Il s'appelle l'Orgueilleux de la Lande, et c'est un chevalier redoutable : il te tuera !
Mais le jeune homme était robuste. Il la prit dans ses bras maladroitement ; elle eut beau se débattre, il l'immobilisa et lui prit vingt baisers à la suite, sans qu'elle puisse l'en empêcher. [...]
– Jeune fille, grand merci ! Je suis fort content de vous avoir rencontrée : vos baisers étaient bien agréables.
Elle se mit à pleurer [...].
Mais le jeune homme ne s'en souciait guère.
[Perceval a été adoubé. Il est devenu un grand chevalier, tant par ses exploits guerriers que par son comportement exemplaire. Un jour, il rencontre une jeune fille dans un état déplorable, qui n'est autre que la demoiselle de la tente, et son compagnon, qui l'a punie car il pense qu'elle lui a été infidèle.]
– Maintenant, comme tu vois, mon amie doit payer pour sa folie. J'en ai fait le serment : son palefroi2 ne sera pas soigné, sa robe ne sera pas changée jusqu'à ce que j'aie vaincu celui qui lui a fait violence. Je ne serai satisfait que lorsque je lui aurai coupé la tête.
Perceval l'avait bien écouté. Il lui répondit sur chaque point :