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Philosophie Terminale

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SECTION 1 • Le roseau pensant
Ch. 1
La conscience
Ch. 2
L’inconscient
Ch. 3
Le temps
Ch. 4
La raison
Ch. 5
La vérité
SECTION 2 • Le fils de Prométhée
Ch. 6
La science
Ch. 7
La technique
Ch. 8
L’art
Ch. 9
Le travail
SECTION 3 • L’animal politique
Ch. 10
La nature
Ch. 11
Le langage
Ch. 12
L’État
Ch. 13
Le devoir
SECTION 4 • L’ami de la sagesse
Ch. 14
La justice
Ch. 15
La religion
Ch. 17
Le bonheur
Fiches méthode
Biographies
Annexes
Chapitre 16
Exercices

Commenter les exemples d'un texte

En vue de l'explication

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Méthode
Dans un texte, les exemples sont aussi importants que la pensée des auteurs. Pour commenter les exemples d'un texte, il est nécessaire :
  • D'établir leur valeur (singulière, particulière, générale) : pour être efficace, un exemple ne doit pas être valable dans un seul cas.
  • D'établir leur portée philosophique : quel problème permettent‑ils de mettre en lumière ? Quelle thèse précise illustrent‑ils ?
  • D'interroger leur pertinence : cet exemple vaut‑il mieux qu'un autre, apporte‑t‑il une compréhension décisive ? Est-il assez circonstancié ?
  • De déterminer leur extension : cet exemple est‑il seulement l'exemple de la thèse soutenue dans le texte, ou bien s'applique‑t‑il aussi à d'autres pensées ?
  • D'établir leur rapport avec d'éventuels autres exemples (restriction, gradation, énumération).

Dans un texte à expliquer, il faut se souvenir que l'exemple ne prouve jamais rien à lui seul. La pensée philosophique d'un auteur est un raisonnement, et non une suite d'illustrations. Expliquer un exemple consiste donc à expliquer d'abord pourquoi l'exemple permet de mieux comprendre une thèse, c'est‑à‑dire de montrer sa force pédagogique. Ensuite, pendant la phase de critique, on peut être amené à commenter le choix de cet exemple, ce qui implique souvent d'en montrer les limites, sans s'y opposer pour autant.
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Textes

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Spinoza - XVIIe siècle

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Texte 11
La liberté est une ignorance des déterminismes

Texte fondateur
J'appelle libre, quant à moi, une chose qui est et agit par la seule nécessité de sa nature ; contrainte, celle qui est déterminée par une autre à exister et à agir d'une certaine façon déterminée. Dieu, par exemple, existe librement bien que nécessairement parce qu'il existe par la seule nécessité de sa naturea. […] Pour rendre cela clair et intelligible, concevons une chose très simple : une pierre par exemple reçoit d'une cause extérieure qui la pousse une certaine quantité de mouvement et, l'impulsion de la cause extérieure venant à cesser, elle continuera à se mouvoir nécessairement. Cette persistance de la pierre dans le mouvement est une contrainte, non parce qu'elle est nécessaire, mais parce qu'elle doit être définie par l'impulsion d'une cause extérieureb. Et ce qui est vrai de la pierre il faut l'entendre de toute chose singulière, quelle que soit la complexité qu'il vous plaise de lui attribuer, si nombreuses que puissent être ses aptitudes, parce que toute chose singulière est nécessairement déterminée par une cause extérieure à exister et à agir d'une certaine manière déterminée.

Concevez maintenant, si vous voulez bien, que la pierre, tandis qu'elle continue de se mouvoir, pense et sache qu'elle fait effort, autant qu'elle peut, pour se mouvoirc. Cette pierre, assurément, puisqu'elle a conscience de son effort seulement et qu'elle n'est en aucune façon indifférente, croira qu'elle est très libre et qu'elle ne persévère dans son mouvement que parce qu'elle le veut. Telle est cette liberté humaine que tous se vantent de posséder et qui consiste en cela seul que les hommes ont conscience de leurs appétits et ignorent les causes qui les déterminentd. Un enfant croit librement appéter le lait, un jeune garçon irrité vouloir se venger et, s'il est poltron, vouloir fuir. Un ivrogne croit dire par un libre décret de son âme ce qu'ensuite, revenu à la sobriété, il aurait voulu tairee. De même un délirant, un bavard, et bien d'autres de même farine, croient agir par un libre décret de l'âme et non se laisser contraindre.
Baruch Spinoza
Lettre 58 à Schuller, 1674, trad. C. Appuhn.

Aide à la lecture

a. Une chose libre agit par la seule nécessité de sa nature (Dieu), alors qu'une chose déterminée est contrainte par une chose extérieure à exister et à agir de telle ou telle manière (chose créée).
b. Une pierre lancée en l'air se déplace à cause d'une impulsion extérieure. Elle est déterminée.
c. Mais si on dote la pierre de conscience, elle va avoir l'illusion de se mouvoir librement.
d. Les hommes sont dans le même cas que cette pierre.
e. Ils ont l'illusion du libre arbitre, c'est‑à‑dire d'avoir la faculté de choisir.
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Macherey - XXe siècle

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Texte 12
Déterminisme ou fatalisme ?

 Ce sont les mêmes choses qui, sans contradiction aucunes, sont à la fois nécessaires et contingentes, selon le point de vue où on les considère ; prises dans leur réalité particulière, isolées par rapport au contexte global qui les détermine, elles sont contingentes ; replacées dans la suite des conditions dont elles dépendent, elles sont nécessaires. […]

Au point de vue de Spinoza, s'il avait été de l'essence de César qu'il passât le Rubicon, son action, s'expliquant par une cause se trouvant en lui‑même, eût été parfaitement libre : mais César, que le fait de s'être proclamé un dieu pour des raisons politiques, n'empêchait pas, bien au contraire, d'être un être humain, c'est‑à‑dire une chose singulière finie, n'était certainement pas en tant que tel la cause unique de ses actions ; c'est pourquoi il aurait très bien pu se faire qu'il ne passât pas le Rubicona […].

 Ainsi, s'il n'était nullement fatal que César franchît le Rubicon, ce n'était pas parce qu'il dépendait de sa décision de le faire ou de ne pas le faire, mais précisément parce que cette action, étant liée à un enchaînement illimité de causes et d'effets intriqués les uns dans les autres, ne dépendait pas de sa seule initiative et était porteuse d'une signification bien plus large que celle qu'il pouvait lui prêter personnellement.
Pierre Macherey
Introduction à l' Éthique de Spinoza, 1994, © PUF, 1997.

Aide à la lecture

a. Jules César a provoqué le Sénat en franchissant le Rubicon en 49 av. J.‑C. Il était interdit à tout général romain de franchir ce cours d'eau marquant la frontière entre la République de Rome et la province de la Gaule cisalpine avec son armée, sauf si le Sénat l'avait autorisé. Cette action va conduire à des bouleversements politiques importants.
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Exercices

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Exercice 1

Texte 11.

a) Pourquoi Spinoza choisit‑il de nous faire réfléchir sur la liberté humaine en prenant l'exemple d'une pierre lancée dans les airs ?

b) Cet exemple n'est‑il qu'illustratif ou introduit‑il une analogie décisive pour construire le raisonnement ?

c) Le déterminisme désigne une position philosophique selon laquelle l'homme n'est pas libre, mais conditionné dans ses actions par des causes extérieures ou intérieures. Quels sont les cinq exemples cités en fin de texte qui permettent d'illustrer le déterminisme auquel même les humains sont soumis ?

d) Ces exemples présentent‑ils une gradation ?

e) Pourquoi a‑t‑il choisi ces exemples et non pas l'exemple d'un Jules César qui déciderait soudain de franchir le Rubicon les armes à la main, alors que cela est interdit par la loi ?
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Exercice 2

Texte 12.

a) Pensez‑vous que l'exemple de César est bien choisi pour distinguer le déterminisme du fatalisme ? Justifiez.

b) Jules César est, pour reprendre les termes de Hegel, un grand homme historique. Cet exemple signifie-t-il que les grands hommes décident davantage de l'histoire que les simples individus ?

c) Cet exemple permet-il de comprendre que les rapports entre les faits historiques sont de même nature que les événements naturels, ou bien montre‑t‑il l'inverse ?

d) Cet exemple permet‑il de conclure que l'histoire est une simple succession de causes et d'effets, semblable à celle des événements naturels ?

e) Quelle thèse cet exemple illustre‑t‑il ?




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