À Rome, à l'époque de la deuxième guerre punique, toutes les choses avaient été organisées et étaient menées d'une manière si équitable et appropriée que personne, même parmi les gens du pays, n'aurait pu dire avec certitude si l'ensemble du régime était aristocratique, démocratique ou monarchique. Et cet embarras était bien normal. Car lorsqu'on regardait le pouvoir des consuls, le régime paraissait parfaitement monarchique et royal ; mais d'après le pouvoir du Sénat, c'était cette fois une aristocratie ; et si maintenant on considérait le pouvoir du peuple, cela semblait être nettement une démocratie. [...] Dans ces conditions, il serait normal de se demander ce que peuvent bien être les caractéristiques et la nature de la part laissée au peuple dans ce régime, quand d'un côté le Sénat détient l'autorité sur les secteurs que nous avons dits, avec ce point capital que toutes les questions de revenus et de dépenses sont traitées par lui, et quand de leur côté aussi les consuls ont les pleins pouvoirs pour la préparation à la guerre, les pleins pouvoirs pour les opérations en campagne. Néanmoins, une part est laissée au peuple aussi, et c'est même une part qui pèse très lourd : dans cette constitution, le peuple est le seul maître des honneurs et des peines ; or c'est par là seulement que sont préservés de la désagrégation tant les pouvoirs personnels que les régimes constitutionnels, bref, toute la vie des gens.