Français 3e

Rejoignez la communauté !
Co-construisez les ressources dont vous avez besoin et partagez votre expertise pédagogique.
Se chercher, se construire
Ch. 1
Se raconter, se représenter
Ch. 2
Romain Gary, La Promesse de l'aube
2 bis
En quoi l’œuvre de Simone Veil est-elle plus qu’un récit personnel ?
Vivre en société, participer à la société
Ch. 3
L'habit fait-il le moine ?
Agir sur le monde
4 bis
En quoi la publicité est-elle un objet de critique et de satire ?
Ch. 5
Antigone : Une voix face au pouvoir
Regarder le monde, inventer des mondes
Ch. 6
Nuits lyriques
6 bis
En quoi la poésie permet-elle de lier nature et individu ?
Ch. 7
Le monde moderne en poésie
Thème complémentaire
Ch. 8
D'un étonnement à un autre
La langue au cycle 4
Lexique
Grammaire
Conjugaison
Orthographe
Nouveauté 2021 : Étude de la langue
EPI
Méthode
Tableaux de conjugaison
Chapitre 4
Texte et image

Un étrange témoignage

Je découvre le personnage principal et j'entre dans le récit

11 professeurs ont participé à cette page
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Texte

Voici le début du récit. Le narrateur se présente et présente son projet d'écriture.

Je ne suis pas un rat d'opéra ; n'attendez pas de moi des récits polissons ni des contes égrillards1Je ne suis pas non plus un rat de cave dont les lumières pourraient être utiles aux amateurs de pinard. Enfin ce serait m'offenser que de me confondre avec un vil2 rat d'hôtel. Né dans les camps, j'ai connu, dès l'âge le plus tendre, le tumulte des champs de bataille ; mes parents m'ont nourri d'espoirs glorieux et de détritus militaires. Vous avez déjà deviné que l'auteur de ces lignes est un des innombrables rats de tranchées qui, de la mer aux Vosges, ont juré de tenir, eux aussi, « jusqu'au bout ! » [...]
L'histoire impartiale3 dira un jour quel fut notre rôle. Combien de soldats se seraient laissé surprendre par l'ennemi, si notre activité nocturne n'avait stimulé leur vigilance ! Grâce à nous, le poilu ne dort jamais que d'un oeil.
Malgré nos services, les ingrats se plaignent de notre importunité4 ! Ils ne devraient pas oublier, au moins, le commode prétexte que nous leur fournissons pour obtenir le renouvellement des vivres de réserve et des effets5 de toutes sortes : des rats les ont mangés ! [...]

La prose des journaux a donné aux lecteurs l'habitude d'un tel diapason6 que le ton de mes mémoires va leur paraître bien terne. Le plat que je leur sers est fade en vérité comparé aux ragoûts épicés que cuisinent les grands quotidiens. On ne retrouvera pas sous ma plume l'héroïsme souriant et bavard des « récits du front », ni les blessés qui refusent de se faire évacuer, ni les mutilés impatients de retourner au feu, ni les morts qui veulent rester debout. Un humble rat de tranchée ne peut offrir qu'une littérature plus terre à terre.
Du moins ne relèvera-t-on pas dans mon texte ces grossières erreurs qui font la joie des combattants. [...]

D'autres ne se complaisent que dans l'étalage ou plus exactement dans l'étal d'une répugnante boucherie. Ce ne sont que ventres ouverts, tripes au soleil, cervelles jaillissantes, cadavres grouillants et autres horreurs.
J'avoue, quant à moi, avoir toujours détourné la tête en traversant les charniers7 de la guerre moderne. Si j'avais pu ne pas respirer, je me serais de même épargné les pestilences8 de l'atmosphère.
À quoi bon ces descriptions malsaines puisqu'elles n'ont pas le pouvoir de supprimer les guerres ? Ces tableaux sont douloureux s'ils évoquent en nous des visions vécues. Ils sont inutiles s'ils s'adressent à l'imagination des curieux : rien ne pourra jamais donner la sensation d'un champ de bataille à celui qui n'en a pas vu. Avant cette guerre, il existait déjà sur ce sujet des descriptions réalistes et ceux qui les avaient lues ont été surpris par la réalité.
On peut donc affirmer hardiment que toute description de bataille, où l'auteur s'attache à pousser le côté macabre et répugnant du décor, ne répond pas à la vision qu'en a eue le soldat.
Pierre Chaine
Mémoires d'un rat, partie I, chapitre 1, © Éditions Magnard, 2015.
1. Polissons, coquins.
2. Méprisable.
3. Juste, objective.
4. Fait de déranger.
5. Affaires.
6. D'une telle harmonie.
7. Fosses où l'on entasse les cadavres.
8. Puanteurs.
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.


Pierre Chaine

(1882-1963)


Pierre Chaine (1882-1963) est un écrivain français. Quand éclate la Première Guerre mondiale, il est très tôt envoyé au combat. C’est dans les tranchées, en 1915, qu’il écrit le récit satirique qui le rendra célèbre : Mémoires d’un rat, d’abord publié en feuilleton dans un journal pacifiste très populaire. En 1918, Pierre Chaine écrira la suite : Commentaires de Ferdinand, ancien rat de tranchées.
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Placeholder pour Mémoire d'un ratMémoire d'un rat
Le zoom est accessible dans la version Premium.

Illustration d'Eugène Leliepvre pour Mémoire d'un rat (Philophil.com)
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Passerelle Histoire

Retrouvez le chapitre d'histoire sur la .
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Placeholder pour Vente des journaux sur un éventaireVente des journaux sur un éventaire
Le zoom est accessible dans la version Premium.

Paul Castelnau, Vente des journaux sur un éventaire, Rexpoëde (Nord), 6 septembre 1917.
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Questions

Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Le texte

Je lis des textes variés et me sers de mes connaissances culturelles pour les comprendre

Un narrateur particulier


1. a. Qu'est-ce que le narrateur de ce récit a de particulier ?
b. À quels types de texte cela vous fait-il penser ? Justifiez votre réponse.

2. Quelles informations donne-t-il sur lui ?

3. a. Quelle est sa revendication aux lignes 9 (« L'histoire impartiale dira un jour ») à 15 (« des rats les ont mangés ! [...] ») ?
b. Qu'en pensez-vous ?


Des Mémoires


4. Le narrateur apprécie-t-il la façon dont les journaux traitent de la guerre ? Pourquoi ? Expliquez précisément.

5. a. Quelle figure de style relevez-vous au début du quatrième paragraphe (l. 16 « La prose des journaux » à 26 « plus terre à terre. » ) ?
b. Quelle crainte exprime-t-elle ?

6. a. Quelle autre figure de style identifiez-vous dans la phrase suivante (« Du moins ne relèvera-t-on pas dans mon texte ces grossières erreurs qui font la joie des combattants. [...] ») ? Que souligne-t-elle ? b. Quels buts le narrateur se donne-t-il en écrivant ce récit ?

7. À votre avis, pourquoi l'auteur n'écrit-il pas de « vrais » Mémoires, en son nom propre ?
Afficher la correction
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

L'image

1. Quels rôles les journaux pouvaient-ils jouer pendant la guerre ?

2. La censure a été rétablie dès 1914. Pourquoi, à votre avis ?

3. Dans le journal Le Matin du 15 septembre 1914, on pouvait lire : « Les éclats d'obus vous font seulement des bleus. » Que pensez-vous de cette « information » ? Quel est son but ?

Afficher la correction

Une erreur sur la page ? Une idée à proposer ?

Nos manuels sont collaboratifs, n'hésitez pas à nous en faire part.

Oups, une coquille

j'ai une idée !

Nous préparons votre pageNous vous offrons 5 essais

Yolène
Émilie
Jean-Paul
Fatima
Sarah
Utilisation des cookies
Lors de votre navigation sur ce site, des cookies nécessaires au bon fonctionnement et exemptés de consentement sont déposés.