Sire,
Mes recherches sur les fermentations et le rôle des organismes microscopiques ont ouvert à la chimie physiologique des voies nouvelles dont les industries agricoles et les études médicales commencent à recueillir les fruits. Mais le champ qui reste à parcourir est immense. Mon plus grand désir serait de l'explorer avec une nouvelle ardeur sans être à la merci de moyens matériels. Je voudrais trouver, dans les dépendances d'un laboratoire assez spacieux, un emplacement où l'installation des expériences pût avoir lieu commodément et sans danger pour la santé. Comment se livrer à des expériences d'
inoculation1 sans un local propre à recevoir des animaux morts ou vivants ? Comment soumettre à des épreuves variées, dans un laboratoire exigu et sans ressources, les procédés qui, peut‑être, rendraient le transport et la consommation de la viande plus faciles ? [...]
J'ose espérer, Sire, que Votre Majesté daignera approuver mon projet. Il serait digne d'inaugurer la nouvelle ère de la prospérité qu'Elle réserve à l'enseignement supérieur et au progrès des sciences.
Louis Pasteur
Membre de l'Académie des sciences