Dans le canton de Lormes, il n'y a ni fabriques, ni usines, ni manufactures. En dehors des revenus de la culture et de l'élevage du jeune bétail, il n'existe d'autres ressources que celles produites par le commerce des bois [...], et celle provenant d'une industrie particulière que l'on pourrait appeler l'industrie nourricière. Cette industrie s'exerce de trois façons : la première consiste à élever, jusqu'à l'âge de treize ans, les pupilles¹ – au nombre de 800 environ – que l'Assistance publique de la Seine² envoie dans le canton ; la deuxième consiste à donner les soins nécessaires au premier âge à des enfants de particuliers que des nourrices sèches³ vont chercher à Paris et ramènent dans leur pays, où elles les élèvent au biberon, la troisième consiste pour les jeunes mères à se placer dans les familles riches, comme nourrices sur lieu. [...]

De tout temps, les nourrices morvandelles ont été recherchées par des familles riches à cause de leur robuste santé. [...] Ces nourrices sont naturellement choyées et entourées de tous les soins désirables dans les familles qui les ont choisies ; elles reçoivent des gages importants qui, plus tard, leur permettent d'apporter un peu de bien‑être [...] dans leurs demeures villageoises.