28 décembre 1895 – 23 juin 1984
Lumière
L'Arrivée d'un train en gare de La Ciotat1 commence. Première présentation publique
de cinéma. Les images prennent vie. On entend le train siffler, rouler. Les couleurs
arrivent. L'image se fait plus grande. La musique monte. Plus de cent ans de cinéma
défilent en quelques secondes. La musique monte, monte, et s'arrête net, tandis que
les lumières se rallument brusquement.
GEORGES,
se levant, bouleversé. – Prodigieux ! C'est prodigieux ! Je vous en
offre 1 000 francs, ici, de suite !
L'ANTIQUAIRE. – C'est inutile.
DÉCEMBRE,
découvrant l'intérieur des boîtes. – Une bobine de film !
GEORGES. – 2 000 francs… 5 000 francs !
L'ANTIQUAIRE. – Vous vous fatiguez.
SUZANNE. – Georges.
GEORGES. – 10 000 francs ! 10 000 francs pour votre machine, porte‑t‑elle
un nom, au moins ?
DÉCEMBRE. – Il y a quelque chose d'inscrit sur la boîte…
L'ANTIQUAIRE. – Le directeur du
musée Grévin2 vient de m'en offrir 20 000.
LALLEMENT. – Et moi, je vous en offre 50 000 !
Sensation dans la salle.
SUZANNE. – C'est le directeur des
Folies Bergère3.
LALLEMENT. –
Qui dit mieux ?
L'ANTIQUAIRE. – Messieurs, Messieurs, c'est inutile, vraiment… Cette invention
n'est pas à vendre, et, croyez‑moi, je vous épargne la ruine. Elle sera exploitée
quelque temps, comme une curiosité scientifique, mais assurément elle n'a
aucun avenir commercial !
GEORGES. – Viens, Suzanne, sortons !
Ils sortent, aussi excités que renfrognés.
DÉCEMBRE. – « Star‑Films présente… »
LALLEMENT. – Qui est ce jeune impatient ?
L'ANTIQUAIRE. – Vous ne connaissez pas Georges ? C'est l'héritier des chaussures Méliès.
DÉCEMBRE. – « … un film de
Georges Méliès4 ».
LALLEMENT. – Georges Méliès.
L'ANTIQUAIRE. – … Un nom à retenir.