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Les XIXe et XXe siècles constituent des tournants : les questionnements pour changer les normes esthétiques établies, qu'elles soient formelles ou morales, ont profondément changé la perception de l'œuvre d'art.
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Comment définir une œuvre d'art ?
Au XIXe siècle : bousculer les normes
Le poids de la tradition classique préconise une certaine idée du beau, aussi bien dans le style (
). Y déroger, c'est s'exposer au scandale, à la polémique, au procès. Mais les artistes et écrivains du XIXe siècle ne s'y trompent pas : il s'agit d'être plus vrai, plus sincère, et de trouver, comme Baudelaire, la formule de « [son] beau ».
Au XXe siècle : l'idée et le geste de l'artiste
Les débats esthétiques du XXe siècle s'articulent autour de la définition de l'œuvre d'art et mettent l'artiste au premier plan (
) : le procès Brancusi contre les États‑Unis questionne la nécessité de l'imitation du réel et les ready‑made de Duchamp bouleversent le rapport de l'artiste à son matériau. On considère alors que c'est l'action de l'artiste sur le matériau qui fait l'œuvre, et que tout matériau est utilisable.
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Quel doit être le rôle d'une œuvre d'art ?
Une œuvre doit‑elle être morale ?
Durant le Second Empire, le contrôle des mœurs par la justice et la limitation de la liberté d'expression occasionnent des procès contre les écrivains. En 1857, Gustave Flaubert et Charles Baudelaire sont tour à tour accusés d'outrage à la morale publique et religieuse. Le jugement du procès de Madame Bovary confère à la littérature une mission précise : élever l'intelligence et épurer les mœurs (
). La morale évolue néanmoins selon les époques : en 1949, le jugement des Fleurs du Mal est révisé et son auteur acquitté.
Être au plus près du réel
Les procès intentés à Flaubert et à Baudelaire sont contemporains des différends qui agitent la scène artistique lors de l'avènement de la peinture réaliste ; tous posent la question de la représentation du réel : un artiste peut‑il tout représenter ? tout dévoiler ? Les peintres Courbet et Manet s'affranchissent des codes esthétiques classiques et interpellent leurs contemporains par leur audace : leurs modèles sont peints sans idéalisation (
). Or, l'évolution de l'art crée de nouvelles normes ou les déplace : lorsque le romantisme ne choque plus, la création d'une légende autour de la bataille qui l'a fondé devient nécessaire (
). La naissance du métier de journaliste questionne le statut littéraire du texte journalistique, et des écrivains-journalistes comme Emmanuel Carrère brouillent les frontières entre les genres (
Le public est de plus en plus présent dans les révolutions artistiques. Ainsi, la bataille d'Hernani se joue dans la salle, et la victoire ou l'échec se compte en applaudissements et en huées (
). Enfin, les performances artistiques vont parfois jusqu'à faire de l'artiste un objet dans les mains des spectateurs : dans Rythm 0, c'est en quelque sorte le public qui a créé l'œuvre (