Qui veut tuer son chien l'accuse de la rage,
Dit-on. C'est cela que tu veux faire de moi,
Faux déloyal, qui dis que mon cœur,
Pour en aimer un autre, veut se détourner de toi.
Mais tu sais bien, certes, que c'est tout le contraire,
Et qu'en mon cœur il n'y a trace de tricherie,
Que c'est toi plutôt qui es mauvais – tu as beau te taire,
Toi qui, trompeur, n'es fait que de menterie.
Car en moi, ni dans mon attitude ni dans mon langage,
Tu n'as jamais aperçu quoi que ce soit qui fût contraire
À la loyauté : ce n'est pas mon usage.
Tu n'en as pas de doute, mais pour m'éloigner de toi,
Tu veux colporter de telles accusations,
Pour mieux couvrir ta fausse tromperie,
Mais je ne suis pas, comme toi, faussaire,
Toi qui, trompeur, n'es fait que de menterie.
Ha !
Mirez-vous1, mes dames, dans les préjudices que je subis.
Par la grâce de Dieu, ne vous laissez attirer
Par aucun homme : tous sont faits de faux plumage.
Dans ce cas, évitez donc de les fréquenter.
Au début, ils font les débonnaires,
Mais à la fin ils ne sont plus que moquerie,
Et c'est aussi ce que tu fais, Dieu d'Amour, pour tourmenter les cœurs,
Toi qui, trompeur, n'es fait que de menterie.
ENVOI
Mais si, comme tu le dis, Amour, je dois trouver plaisir,
Pour aimer, à mourir,
Alors, de ce que j'expose, tu es la preuve, j'en vois bien l'exemple,
Toi qui, trompeur, n'es fait que de menterie.