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Chapitre 18
Texte 2

Jules Verne, Robur le Conquérant (1886)

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Documents

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Texte
Jules Verne, Robur le Conquérant (1886)

Placeholder pour Photographie Jules VernePhotographie Jules Verne
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Ce roman d'anticipation met en scène un ingénieur ayant construit un appareil qui préfigure l'hélicoptère, alors que la science de 1886 ne connaît que le ballon dirigeable, qui vole en étant rempli d'un gaz plus léger que l'air. L'ingénieur, nommé Robur, enlève deux partisans du ballon et les emmène sur son Albatros pour leur prouver que c'est lui qui incarne le progrès.

« Messieurs, dit-il, vous vous demandez, sans doute, si cet appareil, merveilleusement approprié pour la locomotion aérienne, est susceptible de recevoir une plus grande vitesse ? Il ne serait pas digne de conquérir l'espace s'il était incapable de le dévorer. J'ai voulu que l'air fût pour moi un point d'appui solide, et il l'est. J'ai compris que, pour lutter contre le vent, il n'y avait tout simplement qu'à être plus fort que lui, et je suis plus fort.
Nul besoin de voiles pour m'entraîner, ni de rames ni de roues pour me pousser, ni de rails pour me faire un chemin plus rapide. De l'air, et c'est tout. De l'air qui m'entoure ainsi que l'eau entoure le bateau sous-marin, et dans lequel mes propulseurs se vissent comme les hélices d'un steamer1. Voilà comment j'ai résolu le problème de l'aviation. Voilà ce que ne fera jamais le ballon ni tout autre appareil plus léger que l'air. »

Mutisme absolu des deux collègues – ce qui ne déconcerta pas un instant l'ingénieur. Il se contenta de sourire à demi et reprit sous forme interrogative :
« Peut-être vous demandez-vous encore si, à ce pouvoir qu'il a de se déplacer horizontalement, l'Albatros joint une égale puissance de déplacement vertical, en un mot, si, même quand il s'agit de visiter les hautes zones de l'atmosphère, il peut lutter avec un aérostat2 ? Eh bien, je ne vous engage pas à faire entrer le Go ahead3 en lutte avec lui. »
Les deux collègues avaient tout bonnement haussé les épaules. C'est là, peutêtre, qu'ils attendaient l'ingénieur.
Robur fit un signe. Les hélices propulsives s'arrêtèrent aussitôt. Puis, après avoir couru sur son erre4 pendant un mille encore, l'Albatros demeura immobile.
Sur un second geste de Robur, les hélices suspensives se murent alors avec une rapidité telle qu'on aurait pu la comparer à celle des sirènes dans les expériences d'acoustique. Leur frrr monta de près d'une octave dans l'échelle des sons, en diminuant d'intensité toutefois à cause de la raréfaction de l'air, et l'appareil s'enleva verticalement comme une alouette qui jette son cri aigu à travers l'espace.

« Mon maître !... Mon maître !... répétait Frycollin 5. Pourvu que ça ne casse pas ! »
Un sourire de dédain fut toute la réponse de Robur.
Jules Verne
Robur le Conquérant, 1886.
1. Navire à vapeur.
2. Appareil volant au moyen d'un gaz plus léger que l'air, comme la montgolfière ou le ballon dirigeable.
3. Nom d'un aérostat admiré par les deux otages de Robur.
4. Terme de navigation : déplacement d'un bateau sur sa lancée.
5. Valet de l'un des deux otages.
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Éclairage

Jules Verne est souvent perçu comme un optimiste face au progrès technique. Néanmoins, il exprime aussi certaines réserves. Ainsi, dans Paris au XXe siècle, roman d'anticipation écrit dans sa jeunesse et refusé par son éditeur, il imagine qu'en 1960 la société française est obnubilée par l'argent, le commerce et l'industrie.
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Doc. 1
Walter Plitt Quintin, Albatros - Robur le Conquérant, 2011, 21 × 29,7 cm, encre.

Placeholder pour Walter Plitt Quintin, Albatros - Robur le ConquérantWalter Plitt Quintin, Albatros - Robur le Conquérant
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Texte écho
Jules Verne, Vingt mille lieues sous les mers (1869 ‑ 1870)

Le capitaine Nemo (« personne » en latin) vit dans les profondeurs de l'océan, loin de l'humanité qu'il déteste, dans le sous‑marin extraordinaire qu'il a construit.

– Ah ! commandant, m'écriai-je avec conviction, c'est vraiment un merveilleux bateau que votre Nautilus !
– Oui, monsieur le professeur, répondit avec une véritable émotion le capitaine Nemo, et je l'aime comme la chair de ma chair ! Si tout est danger sur un de vos navires soumis aux hasards de l'Océan, si sur cette mer, la première impression est le sentiment de l'abîme, comme l'a si bien dit le Hollandais Jansen, au-dessous et à bord du Nautilus, le cœur de l'homme n'a plus rien à redouter.
[...] Le capitaine Nemo parlait avec une éloquence entraînante. Le feu de son regard, la passion de son geste, le transfiguraient. Oui ! il aimait son navire comme un père aime son enfant !
Jules Verne
Vingt mille lieues sous les mers, 1869-1870.
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Doc. 2
Gravure représentant le capitaine Nemo à la barre du Nautilus, 1870, Éditions Hetzel.

Placeholder pour Gravure représentant le capitaine
Nemo à la barre du Nautilus, 1870,
Éditions Hetzel.Gravure représentant le capitaine
Nemo à la barre du Nautilus, 1870,
Éditions Hetzel.
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Ressource complémentaire

Raoul Lucet (Emile Gautier), « Robur-le-Conquérant » (1887)


Un chroniqueur scientifique contemporain de Jules Verne prend position dans le débat au sujet des appareils « plus lourds que l'air ».

Je suis, moi aussi, un tenant fanatique du plus lourd que l'air. C'est, du reste, en fort bonne compagnie, car je puis abriter mon opinion d'amateur derrière l'autorité de savants et de praticiens comme Ponton d'Amécourt, de la Landelle, Nadar, Béléguic, Marey, Barral, Van Monckhoven, Forlanini, le duc d'Argyll, Babinet, Victor Tatin, Edison, Planavergne, etc., sans compter ce nouveau venu, Robur le Conquérant, qui pourrait bien, comme le dit son parrain, incarner « la science future ».
Je n'ai jamais cru au ballon dirigeable des aérostiers de Meudon, même au moment où l'engouement était tel, qu'on parlait presque d'ériger à MM. Renard et Krebs une paire de statues.
C'est que « ballon » et « direction » sont deux mots qui hurlent de se trouver accouplés. Vouloir lutter contre l'air en étant plus léger, c'est-à-dire plus faible que lui, c'est folie, parce que, en tout ordre de choses, il faut être le plus fort pour n'être point battu.
Sans doute, MM. Renard et Krebs ont pu manœuvrer leur ballon, le faire marcher en avant, en arrière, par le flanc, tirer des bordées, virer de bord, etc... Soit ! Mais tout cela, ils ne l'ont réussi et même tenté que grâce à un concours de circonstances exceptionnellement favorables.
Tout va bien, parbleu ! quand on n'a affaire qu'à une petite brise, et qu'on se contente de « bourlinguer » en douceur à une altitude raisonnable. Et ces messieurs avaient vraiment la part belle pour aider la fortune. Du seuil du vaste hall de remisage, clos et couvert où l'aérostat attend, tout gonflé, prêt à partir au premier signal, ils sont là qui interrogent de l'œil les quatre coins du ciel, guettant sans relâche, pendant des semaines et des mois, la bonace accidentelle qui leur garantira un succès facile. C'est alors, — alors seulement, — qu'ils poussent le traditionnel « Lâchez tout ! » et que, après une petite promenade à travers les nuages, ils reviennent triomphants, au grand enthousiasme des gobeurs, à leur point de départ. C'est comme si, au piquet, l'on ne jouait que quand on serait sûr, après avoir regardé, de trouver quinte et quatorze d'as à l'écart.
Si encore toutes ces précautions avaient toujours suffi. Mais non ! Je sais des expériences qui, faute d'avoir tâté le pouls à l'atmosphère, ont abouti au plus piteux échec. Aussi, ne parle-t-on plus guère de l'aérostat soi-disant dirigeable. Il a cessé d'être à la mode. Ce n'est pas in avem, mais in piscem, que desinit la machine tant et si haut prônée. Le ballon-cigare s'est évaporé en fumée.
Ce fiasco était fatal. Le principe en vertu duquel le ballon monte lui défend à tout jamais de se diriger. L'agneau que l'aigle emporte dans ses serres peut-il prétendre gouverner à sa guise l'essor de son ravisseur ?
Avec l'aérostat électrique « dirigeable », comme avec le premier ballon forain venu, il faut aller, ni plus ni moins que le « petit mousse » des Cloches de Corneville, « où le vent vous pousse ».
Sans doute, en biaisant avec le vent, les expérimentateurs ont pu remonter des courants aériens de trois ou quatre mètres de vitesse à la seconde. Mais rien de pratique n'a été obtenu.
Laissons de côté les ouragans et les tempêtes. Ce sont là des crises accidentelles qui forcent les navires eux-mêmes à fuir ou à chercher un abri. Parlons seulement des courants normaux, des conditions ordinaires de la circulation sur les grandes routes de l'espace. Contre un vent de moulin, — huit mètres à la seconde, — le ballon dirigeable marcherait en arrière ; contre une brise soufflant « frais », — dix ou douze mètres à la seconde — il s'en irait au diable...
Eh bien ! jusqu'au jour, où, dans ces conditions, le ballon ne sera pas assez maître de sa marche pour venir, à heure fixe, me prendre à mon balcon, il restera un mythe, et je persisterai dans mon incrédulité.
— Quoique modestes, dit-on, les résultats obtenus sont quand même des résultats, — et l'on invoque l'exemple des débuts, également modestes, de la navigation à vapeur.
De grâce, n'allons pas si vite. Le bateau à vapeur du marquis de Jouffroy, tout rudimentaire et grossier qu'il fut, remontait déjà la Saône, si j'ai bonne mémoire. Vos machines, elles, ne remontent pas les courants, elles les descendent, plus vite qu'à leur tour, comme l'on dit... Dans l'histoire de la marine, ce n'est pas aux steamboats, même première manière, qu'il les faut comparer, c'est tout au plus aux radeaux de nos lointains ancêtres des âges lacustres...
« La sublime et exécrable découverte de Montgolfier, a dit Nadar, a peut être retardé de cent ans la navigation aérienne. »
Que de temps perdu, en effet, que d'ingéniosité stérilement gaspillé depuis le jour où Mme Montgolfier, en faisant sécher son jupon au-dessus d'un réchaud, fournit inopinément à son mari les éléments premiers de cette tentative grandiose qui devait faire tant de bruit dans le monde !
Il y a mieux à faire que de perfectionner à perpétuité ce jupon légendaire et d'y accrocher des aubes ou des hélices plus ou moins parfaites.
La solution est ailleurs : elle est dans le plus lourd que l'air, l'insecte, la chauve-souris, qu'il faut s'attacher, sous cette réserve, bien entendu, que la copie servile de la nature ne mènerait à rien.
L'air est un point d'appui solide... Une circonférence d'un mètre de diamètre, formant parachute, peut, non seulement modérer la chute d'un corps grave, mais la rendre isochrone... Imprimez à une colonne d'air un mouvement ascensionnel de 45 mètres à la seconde, et un homme pourra se maintenir à sa partie supérieure, si les semelles de ses souliers mesurent en superficie 1/8 de mètre carré seulement ; et si la vitesse de la colonne est portée à quatre-vingt dix mètres, il pourra y marcher pieds nus. Or, en faisant fuir, sous les branches d'une hélice qui s'y vissera, en quelque sorte, une masse d'air avec cette rapidité, on obtient le même résultat... Le jour où M. de Lucy constata que l'insecte appelé cerf-volant pouvait enlever deux cent fois son propre poids, le problème de l'aviation avait trouvé la bonne piste... Sans compter que la surface de l'aile décroit relativement à mesure qu'augmentent les dimensions et le poids de l'animal.
Un ingénieur russe, dont je ne retrouve plus le nom, a pu construire une machine à vapeur actionnant une hélice, dont les spires, d'un pas très court et d'une surface très considérable, étaient orientées de façon à permettre à l'appareil de s'enlever lui-même à sa propre hauteur. C'est le principe de l'aéronef de Robur le Conquérant. Ce sera le principe de l'avenir.
Toute la question est de trouver un moteur extraordinairement puissant sous un volume extraordinairement petit : « le cheval-vapeur dans un boîtier de montre ».
Aura-t-on recours à la vapeur ? Peuh ! A l'heure où nous sommes, la vapeur est bien démodée et le jour approche où elle sera reléguée aux antiquailles. Sera-ce l'air comprimé, l'hydrogène ou l'acide carbonique liquides ? Sera-ce l'électricité, suivant l'avis et l'exemple du héros de Jules Verne, qui a, il est vrai, à sa disposition des piles mystérieuses et des accumulateurs extra, comme personne n'en a encore vu ?
Eh ! pourquoi n'aurait-on pas recours à ces substances explosives, dont on a beaucoup étudié jusqu'ici les propriétés destructives que l'emploi possible comme force motrice, mais qu'on vient cependant d'appliquer, parait-il, en Amérique à la propulsion d'un navire ? On a bien discipliné la foudre ; on a bien discipliné le gaz qui est, lui aussi, un agent explosif... Pourquoi n'en ferait-on pas autant pour la poudre à canon, la mélinite, le fulmi-coton surtout, qui laisse peu ou point de résidu ? S'envoler à travers les nuages, sur les ailes de la dynamite, autrement qu'en morceaux, quel rêve pour les tsars... et pour les simples mortels !
Hurrah ! donc et trois hurrah pour Robur le Conquérant !
Raoul Lucet (Emile Gautier)
« Robur-le-Conquérant », Brest illustré n°4, 23 janvier 1887.
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Ressource complémentaire

Jules Verne, Paris au XXe siècle (1994, posthume)


Le héros, Michel, passionné de littérature, se rend à la bibliothèque.

« Que désirez-vous, monsieur, lui dit l'employé, chef de la Section des Demandes.
- Je voudrais avoir les œuvres complètes de Victor Hugo », répondit Michel. L'employé ouvrit des yeux démesurés. « Victor Hugo ? dit-il. Qu'est-ce qu'il a fait ?
- C'est un des grands poètes du XIXe siècle, le plus grand même, répondit le jeune homme en rougissant.
- Connaissez-vous cela ? demanda l'employé à un second employé, chef de la Section des Recherches.
- Je n'en ai jamais entendu parler, répondit ce dernier. Vous êtes bien sûr du nom ? demanda-t-il au jeune homme.
- Parfaitement sûr.
- C'est qu'il est rare, reprit le commis, que nous vendions ici des ouvrages littéraires. Mais enfin, puisque vous êtes certain... Rhugo, Rhugo... dit-il en télégraphiant.
- Hugo, répéta Michel. Veuillez demander en même temps Balzac, de Musset, Lamartine.
- Des savants ?
- Non ! Des auteurs.
- Vivants ?
- Morts depuis un siècle.
- Monsieur, nous allons faire tous nos efforts pour vous obliger ; mais je crains bien que nos recherches ne soient longues, sinon vaines.
- J'attendrai», répondit Michel.Et il se retira dans un coin, abasourdi ! Ainsi, toute cette grande renommée ne durait pas un siècle ! Les Orientales, les Méditations, les Premières Poésies, la Comédie humaine, oubliées, perdues, introuvables, méconnues, inconnues ! Cependant, il y avait là des cargaisons de livres que de grandes grues à vapeur descendaient au milieu des cours, et les acheteurs se pressaient au bureau des demandes. Mais l'un voulait avoir la Théorie des frottements en vingt volumes, l'autre la Compilation des problèmes électriques, celui-ci le Traité pratique du graissage des roues motrices, celui-là la Monographie du nouveau cancer cérébral. « Quoi ! se disait Michel, de la science ! de l'industrie ! ici comme au collège, et rien pour l'art ! Et j'ai l'air d'un insensé à demander des ouvrages littéraires ! suis-je fou ? »
Jules Verne
Paris au XXe siècle, 1994 (posthume), Hachette/Le Cherche-Midi
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Ressource complémentaire

Jules Verne, Paris au XXe siècle (1994, posthume)


En 1860, Jules Verne imagine à quoi ressemblera la France cent ans plus tard.

M. Stanislas Boutardin était le produit naturel de ce siècle d'industrie ; il avait poussé dans une serre chaude, et non grandi en pleine nature ; homme pratique avant tout, il ne faisait rien que d'utile, tournant ses moindres idées vers l'utile, avec un désir immodéré d'être utile, qui dérivait en un égoïsme véritablement idéal ; joignant l'utile au désagréable, comme eût dit Horace ; sa vanité perçait dans ses paroles, plus encore dans ses gestes, et il n'eût pas permis à son ombre de le précéder ; il s'exprimait par grammes et par centimètres, et portait en tout temps une canne métrique, ce qui lui donnait une grande connaissance des choses de ce monde ; il méprisait royalement les arts, et surtout les artistes, pour donner à croire qu'il les connaissait ; pour lui, la peinture s'arrêtait au lavis, le dessin à l'épure, la sculpture au moulage, la musique au sifflet des locomotives, la littérature aux bulletins de Bourse.
Cet homme, élevé dans la mécanique, expliquait la vie par les engrenages ou les transmissions ; il se mouvait régulièrement avec le moins de frottement possible, comme un piston dans un cylindre parfaitement alésé ; il transmettait son mouvement uniforme à sa femme, à son fils, à ses employés, à ses domestiques, véritables machines-outils, dont lui, le grand moteur, tirait le meilleur profit du monde. Vilaine nature, en somme, incapable d'un bon mouvement, ni d'un mauvais, d'ailleurs ; il n'était ni bien, ni mal, insignifiant, souvent mal graissé, criard, horriblement commun. Il avait fait une fortune énorme, si l'on peut appeler cela faire ; l'élan industriel du siècle l'entraîna ; aussi se montra-t-il reconnaissant envers l'industrie, qu'il adorait comme une déesse.
Jules Verne
Paris au XXe siècle, 1994 (posthume), Hachette/Le Cherche-Midi
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Questions

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Entrer dans le texte


1. Texte écho Quels points communs et différences voyez-vous entre l'attitude de Robur et celle du capitaine Nemo ?


L'autorité de l'ingénieur


2. a. Relevez les termes techniques employés pour parler des machines.

b. En quoi servent-ils la démonstration ?

3. a. Relevez les propositions interrogatives indirectes.

b. Quel est leur visée argumentative ?

4.
Grammaire
a. Observez la construction des phrases de « » à « ». Que remarquez-vous ?

b. Quel lien pouvez-vous établir entre ces types de phrases et le ton de Robur ?

5. a. Relevez et analysez un passage révélant que Robur prend plaisir à parler de son invention.

b. Quelle est alors la tonalité de son propos ?

6. Quels éléments donnent au lecteur l'impression d'assister à une scène extraordinaire de «  » à «  » ?

7.
Vers le commentaire
Comment Jules Verne met-il en scène la réussite de l'ingénieur ?


Oral
Inventez une machine du futur et présentez-la à vos camarades en argumentant sur l'intérêt qu'il y aurait à la construire.
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