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Philosophie Terminale

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SECTION 1 • Le roseau pensant
Ch. 1
La conscience
Ch. 2
L’inconscient
Ch. 3
Le temps
Ch. 4
La raison
Ch. 5
La vérité
SECTION 2 • Le fils de Prométhée
Ch. 7
La technique
Ch. 8
L’art
Ch. 9
Le travail
SECTION 3 • L’animal politique
Ch. 10
La nature
Ch. 11
Le langage
Ch. 12
L’État
Ch. 13
Le devoir
SECTION 4 • L’ami de la sagesse
Ch. 14
La justice
Ch. 15
La religion
Ch. 16
La liberté
Ch. 17
Le bonheur
Fiches méthode
Biographies
Annexes
Chapitre 6
Réflexion 1

Les scientifiques ont-ils le monopole de la connaissance ?

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Texte 1
Il y a une rupture entre la science et la pensée ordinair

Texte fondateur

Selon Bachelard, le scientifique ne doit pas s'appuyer, même provisoirement, sur l'opinion. Les premières intuitions sont des obstacles épistémologiques ; elles font croire à l'homme qu'il peut expliquer les phénomènes qu'il observe.

La science, dans son besoin d'achèvement comme dans son principe, s'oppose absolument à l'opinion. S'il lui arrive, sur un point particulier, de légitimer l'opinion, c'est pour d'autres raisons que celles qui fondent l'opinion ; de sorte que l'opinion a, en droit, toujours tort. L'opinion pense mal ; elle ne pense pas : elle traduit des besoins en connaissances.a En désignant les objets par leur utilité, elle s'interdit de les connaître. On ne peut rien fonder sur l'opinion : il faut d'abord la détruire. Elle est le premier obstacle à surmonter. Il ne suffirait pas, par exemple, de la rectifier sur des points particuliers, en maintenant comme une sorte de morale provisoire, une connaissance vulgaire provisoire. L'esprit scientifique nous interdit d'avoir une opinion sur des questions que nous ne comprenons pas, sur des questions que nous ne savons pas formuler clairement. Avant tout, il faut savoir poser des problèmes. Et quoi qu'on dise, dans la vie scientifique, les problèmes ne se posent pas d'eux-mêmes. C'est précisément ce sens du problème qui donne la marque du véritable esprit scientifique. Pour un esprit scientifique, toute connaissance est une réponse à une question. S'il n'y a pas eu de question, il ne peut y avoir connaissance scientifique. Rien ne va de soi. Rien n'est donné. Tout est construit.
Gaston Bachelard
La formation de l'esprit scientifique, © Librairie Philosophique J. Vrin, 1938.

Aide à la lecture

a. Ainsi, à la fin du XVIIe siècle il est expliqué que certains corps peuvent brûler parce qu'ils contiennent une substance qui a cette capacité : le phlogiston. Il s'agit d'un besoin (de compréhension) traduit en une connaissance (illusoire).
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Bachelard - XXe siècle

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Repères

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Question

En quoi l'opinion constitue-t-elle un obstacle à la pensée scientifique ?
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Texte 2
L'avantage qu'a la science, c'est qu'elle ne pense pas

La science ne fait pas de retour réflexif sur sa propre pratique.

La science ne pense pas. Elle ne pense pas, parce que sa démarche et ses moyens auxiliaires sont tels qu'elle ne peut pas penser – nous voulons dire penser à la manière des penseurs.a

Que la science ne puisse pas penser, il ne faut voir là aucun défaut, mais bien un avantage. Seul cet avantage assure à la science un accès possible à des domaines d'objets répondant à ses modes de recherches ; seul il lui permet de s'y établir. La science ne pense pas : cette proposition choque notre conception habituelle de la science. Laissons-lui son caractère choquant, alors même qu'une autre la suit, à savoir que, comme toute action ou abstention de l'homme, la science ne peut rien sans la pensée. Seulement, la relation de la science à la pensée n'est authentique et féconde que lorsque l'abîme qui sépare les sciences et la pensée est devenu visibleb et lorsqu'il apparaît qu'on ne peut jeter sur lui aucun pont. Il n'y a pas de pont qui conduise des sciences vers la pensée, il n'y a que le saut. Là où il nous porte, ce n'est pas seulement l'autre bord que nous trouvons, mais une région entièrement nouvelle. Ce qu'elle nous ouvre ne peut jamais être démontré, si démontrer veut dire : dériver des propositions concernant une question donnée, à partir de prémisses convenables, par des chaînes de raisonnements.
Martin Heidegger
Essais et conférences, 1958, trad. A. Préau, © Éditions Gallimard, 1992.

Aide à la lecture

a. Cette déclaration signifie, pour reprendre un exemple de l'auteur, que la physique ne peut pas avec des méthodes physiques dire ce qu'est la physique.
b. La science a besoin de se définir et de définir ses concepts basiques (le temps, l'espace, etc.), mais elle néglige cette opération, ce qui crée un fossé entre elle et la pensée.
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Heidegger - XXe siècle

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Question

Si la science « ne pense pas », une autre discipline doit-elle penser à sa place ?
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Texte 3
La religiosité scientifique

Albert Einstein considère que la pratique de la science développe une forme de religiosité non ordinaire, car tournée vers l'ordre cosmique.

Vous trouverez difficilement un esprit fouillant profondément la science, qui ne possède pas une religiosité caractéristique. Mais cette religiosité se distingue de l'homme simple : pour ce dernier, Dieu est un être dont il espère la sollicitude, dont il redoute le châtiment un être avec lequel il entretient dans une certaine mesure des relations impersonnelles, si respectueuses qu'elles soient : c'est un sentiment sublimé de même nature que les rapports de fils à père.

Au contraire le savant est pénétré du sentiment de la causalité de tout ce qui arrive.a Pour lui l'avenir ne comporte pas moins de détermination et d'obligation que le passé, la morale n'a rien de divin, c'est une question purement humaine. Sa religiosité réside dans l'admiration extasiée de l'harmonie des lois de la nature ; il s'y révèle une raison si supérieure que tout le sens mis par les humains dans leurs pensées n'est vis-à-vis d'elle qu'un reflet absolument nul. Ce sentiment est le leitmotiv de la vie et des efforts du savant, dans la mesure où il peut s'élever au dessus de l'esclavage de ses désirs égoïstes. Indubitablement, ce sentiment est proche parent de celui qu'ont éprouvé les esprits créateurs religieux de tous les temps.
Albert Einstein
Comment je vois le monde, 1934, © Flammarion, 2017.

Aide à la lecture

a. La foi du scientifique consiste donc à considérer que tous les phénomènes naturels ont une cause, ce qui suppose de supprimer le hasard et l'indétermination. Spinoza se prononçait, lui aussi, pour une « nécessité absolue » dans la nature.
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Einstein - XXe siècle

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Question

En quoi ce texte permet-il de dépasser l'opposition classique entre science et croyance ?
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Activité

1. Cherchez des exemples d'obstacles épistémologiques, c'est-à-dire d'opinions qui ont empêché les scientifiques d'établir une connaissance exacte.

2. Comment ces obstacles ont-ils été franchis ?
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Texte 4
La science ne permet pas d'expliquer l'origine des choses

Dans cet extrait du Phédon, Socrate exprime sa déception face aux limites de l'explication scientifique des causes des phénomènes et expose les raisons qui l'ont conduit à se tourner vers la philosophie. En effet, si Anaxagore propose une prétendue explication des phénomènes naturels, il n'en éclaire pas la cause. Ainsi, la science n'est pas, contrairement aux idées reçues, un modèle parfait de connaissance. Quelle place y a-t-il, à côté des sciences, pour une autre forme de connaissance ?

Mais un jour, ayant entendu quelqu'un lire dans un livre, dont l'auteur était, disait-il, Anaxagorea , que c'est l'esprit qui est l'organisateur et la cause de toutes choses, l'idée de cette cause me ravit et il me sembla qu'il était en quelque sorte parfait que l'esprit fût la cause de tout. S'il en est ainsi, me dis-je, l'esprit ordonnateur dispose tout et place chaque objet de la façon la meilleure. Si donc on veut découvrir la cause qui fait que chaque chose naît, périt ou existe, il faut trouver quelle est pour elle la meilleure manière d'exister ou de supporter ou de faire quoi que ce soit. En vertu de ce raisonnement, l'homme n'a pas autre chose à examiner, dans ce qui se rapporte à lui et dans tout le reste, que ce qui est le meilleur et le plus parfait, avec quoi il connaîtra nécessairement aussi le pire, car les deux choses relèvent de la même science. En faisant ces réflexions, je me réjouissais d'avoir trouvé dans la personne d'Anaxagore un maître selon mon cœur pour m'enseigner la cause des êtres. Je pensais qu'il me dirait d'abord si la terre est plate ou rondeb et après cela qu'il m'expliquerait la cause et la nécessité de cette forme, en partant du principe du mieux, et en prouvant que le mieux pour elle, c'est d'avoir cette forme, et s'il disait que la terre est au centre du monde, qu'il me ferait voir qu'il était meilleur qu'elle fût au centre. S'il me démontrait cela, j'étais prêt à ne plus demander d'autre espèce de cause. De même au sujet du soleil, de la lune et des autres astres, j'étais disposé à faire les mêmes questions, pour savoir, en ce qui concerne leurs vitesses relatives, leurs changements de direction et les autres accidents auxquels ils sont sujets, en quoi il est meilleur que chacun fasse ce qu'il fait et souffre ce qu'il souffre. Je n'aurais jamais pensé qu'après avoir affirmé que les choses ont été ordonnées par l'esprit, il pût leur attribuer une autre cause que celle-ci : c'est le mieux qu'elles soient comme elles sont. Aussi je pensais qu'en assignant leur cause à chacune de ces choses en particulier et à toutes en commun, il expliquerait en détail ce qui est le meilleur pour chacunec et ce qui est le bien commun à toutes. Et je n'aurais pas donné pour beaucoup mes espérances ; mais prenant ses livres en toute hâte, je les lus aussi vite que possible, afin de savoir aussi vite que possible le meilleur et le pire.

– Mais je ne tardai pas, camarade, à tomber du haut de cette merveilleuse espérance. Car, avançant dans ma lecture, je vois un homme qui ne fait aucun usage de l'intelligence et qui, au lieu d'assigner des causes réelles à l'ordonnance du monde, prend pour des causes l'air, l'éther, l'eau et quantité d'autres choses étranges. Il me sembla que c'était exactement comme si l'on disait que Socrate fait par intelligence tout ce qu'il faitd et qu'ensuite, essayant de dire la cause de chacune de mes actions, on soutînt d'abord que, si je suis assis en cet endroit, c'est parce que mon corps est composé d'os et de muscles, que les os sont durs et ont des joints qui les séparent, et que les muscles, qui ont la propriété de se tendre et de se détendre, enveloppent les os avec les chairs et la peau qui les renferme, que, les os oscillant dans leurs jointures, les muscles, en se relâchant et se tendant, me rendent capable de plier mes membres en ce moment et que c'est la cause pour laquelle je suis assis ici les jambes pliées.
Platon
Phédon, IVe s. av. J.-C., trad. E. Chambry, Classiques Garnier, 1938.

Aide à la lecture

a. Anaxagore (500-428 avant J.-C.) s'intéresse aux phénomènes naturels. Il anticipe la vision moléculaire du monde et rejette l'idée que le hasard serait à l'origine des choses.
b. Depuis Pythagore, mathématicien et philosophe, les Grecs savent que la Terre est ronde (voir la biographie sur les présocratiques).
c. Socrate souhaite non seulement connaître les choses, mais comprendre pourquoi elles sont telles qu'elles sont, et en quoi cet état des choses est meilleur que tout autre.
d. Socrate montre en quoi la science prend les choses à l'envers, en tentant de résoudre d'abord la question du « comment », avant de répondre à la question de l'origine (« pourquoi »).
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Platon - Antiquité

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Repères

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Question

La science répond-elle à la question du « comment » ou à celle du « pourquoi » ? Justifiez.
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Éclipse solaire.
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Texte 5
Trois erreurs

Qu'espère savoir ou vérifier l'homme par les sciences ? Nietzsche analyse trois grandes hypothèses et conclut que la connaissance scientifique s'est développée à cause de trois illusions.

De trois erreurs. – Dans les derniers siècles on a fait avancer la science, soit parce que, avec elle et par elle, on espérait le mieux comprendre la bonté et la sagesse de Dieu – le principal motif dans l'âme des grands Anglais (comme Newton) – soit parce que l'on croyait à l'utilité absolue de la connaissance, surtout au lien le plus intime entre la morale, la science et le bonheur – principal motif dans l'âme des grands Français (comme Voltaire) – soit parce que l'on croyait posséder et aimer dans la science quelque chose de désintéressé, d'inoffensif, quelque chose qui se suffit à soi-même, quelque chose de tout à fait innocent, à quoi les mauvais instincts de l'homme ne participent nullement – le motif principal dans l'âme de Spinoza, qui, en tant que connaisseur, se sentait divin : – donc pour trois erreurs !
Friedrich Nietzsche
Le gai savoir, 1882, trad. H. Albert.
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Nietzsche - XIXe siècle

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Repères

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Question

Quels espoirs l'humain place-t-il dans la connaissance scientifique ?
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