L'évolution comme grille de lecture du monde

• Les yeux relativement simples de certains êtres vivants (ex. : escargot) fonctionnent grâce à des cellules photoréceptrices accompagnées de cellules pigmentées. Ils permettent de détecter la lumière et confèrent ainsi un avantage sélectif.
• Des yeux plus complexes peuvent se développer par une série de petits changements anatomiques au cours de l'évolution liés à des mutations, et subsister par sélection naturelle. Ces yeux complexes sont apparus indépendamment au sein de groupes d'animaux éloignés. Par exemple, l'œil des vertébrés et l'œil de certains mollusques sont tous les deux très élaborés : ils possèdent des lentilles permettant l'accommodation, un iris qui module la quantité de lumière arrivant dans l'œil, une rétine, etc.

• Des yeux très différents existent : rétine inverse (humains) ou rétine directe (pieuvre), lentille simple ou double, etc. Le hasard des variations retenues au cours de l'évolution ayant abouti à la mise en place des yeux complexes dans différents groupes est un exemple de « bricolage évolutif ».

• L'organisation des organes humains ne peut pas uniquement se comprendre sous l'angle de la sélection naturelle adaptative : des contraintes évolutives historiques fortes pèsent sur leur mise en place (trajet de la crosse aortique dérivé d'un arc branchial) ou expliquent leur origine (difficultés obstétriques) et des contraintes de développement expliquent le maintien de certains organes (téton masculin) ou leur régression (coccyx). Contrairement à une idée reçue, l'anatomie humaine n'est ainsi pas parfaite, mais résulte d'une histoire évolutive complexe et sans objectif préétabli.

• Comme le cycle de reproduction des micro-organismes ou des insectes est très court, des mutants peuvent émerger très rapidement dans une population. Ceux qui sont moins sensibles à des traitements (antibiotiques, vaccins, pesticides) sont fortement avantagés. Les micro-organismes et les insectes évoluent donc selon les forces évolutives classiques. Plus la pression de sélection est forte (recours massif aux antibiotiques ou aux pesticides), plus les résistants se répandent rapidemment dans les populations.
• Les multirésistances posent déjà des problèmes sanitaires et environnementaux préoccupants, et qui vont prendre de plus en plus d'ampleur dans les prochaines années si les pratiques médicales ne changent pas.
• Les stratégies prophylactiques et phytosanitaires déployées en médecine ou dans l'agriculture doivent constamment être revues de manière à s'adapter à l'évolution rapide des micro-organismes ou intégrer de nouveaux modes de lutte comme la prophylaxie (vaccins notamment), l'agroécologie, etc.

Si certains yeux ont une organisation étonnamment complexe, ils ne sont pas parfaits pour autant ! Par exemple, chez les humains, la lumière doit traverser plusieurs couches cellulaires avant d'être détectée dans la rétine.

Ce ne sont pas les antibiotiques ou les vaccins qui créent des mutations ! En revanche, ces derniers exercent une forte pression de sélection sur les bactéries.