Michelangelo Vitaliani, dit Mimo, revient sur son histoire et sa jeunesse alors qu'il est au seuil de la mort. D'une famille pauvre, il est un apprenti sculpteur talentueux. Il rencontre Viola, une fille de son âge mais de la plus riche famille de la région. Les deux enfants se rencontrent en cachette et se lient d'une amitié indéfectible.
Le 24 juin 1918, à l'occasion de la Saint-Jean, elle me donna rendez-vous au cimetière. La meilleure nuit pour voir des feux follets. [... ] Je lui exprimai aussitôt ma réticence à chasser le feu follet, surtout s'il s'agissait d'âmes en peine. Viola mit la main sur ma bouche alors que je parlais encore.
– Oublie les feux follets. J'ai fait une découverte extraordinaire.
– Vraiment ?
Viola m'avait appris qu'on ne disait pas « ah bon ? », sauf si l'on était rustre.
– J'ai découvert que je pouvais voyager dans le temps, s'exclama-t-elle. Je viens tout juste de débarquer du passé.
– Comment ça ?
– Eh bien, je viens d'il y a une seconde. Si T est l'instant présent, il y a une seconde, à T‑1, je n'étais pas encore là. Et maintenant j'y suis. J'ai donc voyagé de T-1 vers T. Du passé vers le présent.
– Tu ne peux pas vraiment voyager dans le temps.
– Si. Tiens, je viens juste de le refaire. Je viens d'il y a une seconde.
– Mais tu ne peux pas y retourner.
– Non, car le passé ne sert à rien. C'est pour ça qu'on voyage du passé vers l'avenir.
– Tu ne peux pas aller dans dix ans.
– Bien sûr que si. Retrouvons-nous ici dans dix ans, le 24 juin 1928, même heure. Tu verras, j'y serai.
– Sauf que tu auras mis dix ans pour y aller.
– Et alors ? Quand tu es venu de France, peu importe que ton train ait mis une minute ou une journée. Tu as bien voyagé de la France vers l'Italie, non ? Sourcils froncés, je cherchais le point faible de son raisonnement. Mais Viola n'avait pas de point faible.
– De la même manière, je serai là le 24 juin 1928, et j'aurais voyagé dans le futur. CQFD.