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Sujet Brevet
On entendrait chanter le monde
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Texte
Dans ce texte, Jean Giono (1895‑1970), écrivain de la nature, donne à cette dernière une identité humaine.
Il y a bien longtemps que je désire écrire un roman dans lequel on entendrait chanter le monde. Dans tous les livres actuels on donne à mon avis une trop grande place aux êtres mesquins1 et l'on néglige de nous faire percevoir le halètement2 des beaux habitants de l'univers. [...] Je sais bien qu'on ne peut guère concevoir un roman sans homme, puisqu'il y en a dans le monde. Ce qu'il faudrait, c'est le mettre à sa place, ne pas le faire le centre de tout, être assez humble3 pour s'apercevoir qu'une montagne existe non seulement comme hauteur et largeur, mais comme poids, effluves4, gestes, puissance d'envoûtement5, paroles, sympathie. Un fleuve est un personnage, avec ses rages et ses amours, sa force, son dieu hasard, ses maladies, ses faims d'aventures. Les rivières, les sources sont des personnages : elles aiment, elles trompent, elles mentent, elles trahissent, elles sont belles, elles s'habillent de joncs6 et de mousses. Les forêts respirent. Les champs, les landes, les collines, les plages, les océans, les vallées dans les montagnes, les cimes éperdues frappées d'éclairs et les orgueilleuses murailles de roches sur lesquelles le vent des hauteurs vient s'éventrer depuis les premiers âges du monde : tout ça n'est pas un simple spectacle pour nos yeux. C'est une société d'êtres vivants. Nous ne connaissons que l'anatomie de ces belles choses vivantes, aussi humaines que nous, et si les mystères nous limitent de toutes parts c'est que nous n'avons jamais tenu compte des psychologies telluriques7, végétales, fluviales et marines.
Cet apaisement qui nous vient dans l'amitié d'une montagne, cet appétit pour les forêts, cette ivresse qui nous balance, regard éteint et pensée morte, parce que nous avons senti l'odeur des bardanes8 humides, des champignons, des écorces, cette joie d'entrer dans l'herbe jusqu'au ventre, ce ne sont pas des créations de nos sens, ça existe autour de nous et ça dirige plus nos gestes que ce que nous croyons. 1. Médiocres, qui ne sont pas généreux.
2. La respiration forte.
3. Modeste.
4. Parfums.
5. Charme, fascination, séduction.
6. Plantes à longue tige, qui croissent dans les lieux humides.
7. Terrestres.
8. Plantes au parfum puissant.
Il y a bien longtemps que je désire écrire un roman dans lequel on entendrait chanter le monde. Dans tous les livres actuels on donne à mon avis une trop grande place aux êtres mesquins1 et l'on néglige de nous faire percevoir le halètement2 des beaux habitants de l'univers. [...] Je sais bien qu'on ne peut guère concevoir un roman sans homme, puisqu'il y en a dans le monde. Ce qu'il faudrait, c'est le mettre à sa place, ne pas le faire le centre de tout, être assez humble3 pour s'apercevoir qu'une montagne existe non seulement comme hauteur et largeur, mais comme poids, effluves4, gestes, puissance d'envoûtement5, paroles, sympathie. Un fleuve est un personnage, avec ses rages et ses amours, sa force, son dieu hasard, ses maladies, ses faims d'aventures. Les rivières, les sources sont des personnages : elles aiment, elles trompent, elles mentent, elles trahissent, elles sont belles, elles s'habillent de joncs6 et de mousses. Les forêts respirent. Les champs, les landes, les collines, les plages, les océans, les vallées dans les montagnes, les cimes éperdues frappées d'éclairs et les orgueilleuses murailles de roches sur lesquelles le vent des hauteurs vient s'éventrer depuis les premiers âges du monde : tout ça n'est pas un simple spectacle pour nos yeux. C'est une société d'êtres vivants. Nous ne connaissons que l'anatomie de ces belles choses vivantes, aussi humaines que nous, et si les mystères nous limitent de toutes parts c'est que nous n'avons jamais tenu compte des psychologies telluriques7, végétales, fluviales et marines.
Cet apaisement qui nous vient dans l'amitié d'une montagne, cet appétit pour les forêts, cette ivresse qui nous balance, regard éteint et pensée morte, parce que nous avons senti l'odeur des bardanes8 humides, des champignons, des écorces, cette joie d'entrer dans l'herbe jusqu'au ventre, ce ne sont pas des créations de nos sens, ça existe autour de nous et ça dirige plus nos gestes que ce que nous croyons. 1. Médiocres, qui ne sont pas généreux.
2. La respiration forte.
3. Modeste.
4. Parfums.
5. Charme, fascination, séduction.
6. Plantes à longue tige, qui croissent dans les lieux humides.
7. Terrestres.
8. Plantes au parfum puissant.
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Vincent Van Gogh, Cyprès, 1889, huile sur toile, 93,4 × 74 cm
(Metropolitan Museum of Art, New York, États‑Unis.)
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1ᵉ partie
(1 h10)
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Questions
Compréhension et compétences d'interprétation (32 points)
1. Quels reproches Jean Giono fait‑il, au début de son texte, aux romanciers de son temps ? Justifiez votre réponse en citant le texte.
(2 points)
2. (2 points)
a. Où ne devrait pas être l'être humain dans les romans ?
b. Qui devrait prendre sa place ?
3. Citez la dizaine de personnages qui peuplent ce que Giono appelle « une société d'êtres vivants » (l. 25‑26).
(5 points)
4. (5 points)
a. Pour humaniser ces éléments de la nature, que leur attribue l'auteur ? Donnez trois réponses et proposez trois exemples.
b. Quel nom commun, à la fin du premier paragraphe, résume la pensée de l'auteur quant au fait que la nature est « aussi humaine que nous » (l. 27) ?
5.
Quels sont les quatre sentiments qu'évoque Giono à la fin de son texte
et qui, selon lui, viendraient moins de nous que de la nature elle‑même qui nous accorderait ses bienfaits à son contact ? (2 points)
6. « des bardanes humides, des champignons, des écorces » (l. 32‑33)
(3 points)
a. Comment appelle‑t‑on cette figure qui consiste à juxtaposer des mots ?
b. Trouvez deux autres exemples de cette figure dans le texte.
c. Quels effets souhaite produire l'auteur en usant de cette figure dans le texte ?
7. (2 points)
« ça existe autour de nous et ça dirige plus nos
gestes que ce que nous croyons. » (l. 34-35)
Que sous‑entend Giono ici quant à nous et à notre rapport au monde ?
8. En quoi ce texte est‑il poétique ? Proposez une réponse développée et citez le texte.
(5 points)
9.
Image
(6 points)
Décrivez le tableau de Van Gogh et montrez comment le peintre rend le paysage qu'il peint si vivant.
a. Où ne devrait pas être l'être humain dans les romans ?
b. Qui devrait prendre sa place ?
b. Quel nom commun, à la fin du premier paragraphe, résume la pensée de l'auteur quant au fait que la nature est « aussi humaine que nous » (l. 27) ?
a. Comment appelle‑t‑on cette figure qui consiste à juxtaposer des mots ?
b. Trouvez deux autres exemples de cette figure dans le texte.
c. Quels effets souhaite produire l'auteur en usant de cette figure dans le texte ?
Que sous‑entend Giono ici quant à nous et à notre rapport au monde ?
Décrivez le tableau de Van Gogh et montrez comment le peintre rend le paysage qu'il peint si vivant.
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QuestionsGrammaire et compétences linguistiques (18 points)
10. « Je sais bien [...] le monde. » (l. 7-10
) Recopiez cette phrase, encadrez les verbes conjugués, distinguez les propositions et donnez leur nature respective.
(6 points)
11.
« une société d'êtres vivants. » (l. 25‑26) Quelle est la classe grammaticale de ce groupe de mots ? Quelle est sa fonction au sein de la phrase ? (2 points)
12. (10 points)
a. « Il y a [...] êtres mesquins » (l. 1‑5). Réécrivez ce passage au passé.
b.« Nous ne connaissons [...] et marines. » (l. 26‑29) Réécrivez ce passage à la deuxième personne du pluriel.
a. « Il y a [...] êtres mesquins » (l. 1‑5). Réécrivez ce passage au passé.
b.« Nous ne connaissons [...] et marines. » (l. 26‑29) Réécrivez ce passage à la deuxième personne du pluriel.
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2ᵉ partie
(20 min)
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Dictée(10 points)
François‑René de Chateaubriand, Mémoires d'outre‑tombe, 1849. Les dictées des brevets blancs sont regroupées .
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3ᵉ partie
(1h30)
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Rédaction(40 points)
Vous traiterez à votre choix l'un des sujets suivants.
Que nous apportent la contemplation de la nature et la rencontre avec celle‑ci, au travers, notamment, des promenades, des voyages ? Vous proposerez une réponse argumentée, illustrée par des exemples.
Décrivez un paysage naturel pour lequel vous éprouvez de l'affection ou qui évoque un souvenir d'enfance heureux. Partagez avec votre lecteur ou lectrice les émotions et sensations éprouvées.
Sujet de réflexion
Que nous apportent la contemplation de la nature et la rencontre avec celle‑ci, au travers, notamment, des promenades, des voyages ? Vous proposerez une réponse argumentée, illustrée par des exemples.
Sujet d'imagination
Décrivez un paysage naturel pour lequel vous éprouvez de l'affection ou qui évoque un souvenir d'enfance heureux. Partagez avec votre lecteur ou lectrice les émotions et sensations éprouvées.
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