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Français 1re

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Repères - Histoire
Partie 1 • Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle
L’épopée antique et la chanson de geste
Récits comiques médiévaux et humanistes
Fictions baroques
Le classicisme
Les romans épistolaires
Le romantisme
Le réalisme
Le naturalisme
Les récits de guerre
L’exploration de la conscience
Interroger l’existence humaine
Le Nouveau Roman
Les récits de vie
Partie 2 • La littérature d’idées du XVIe au XVIIIe siècle
L’humanisme à la Renaissance
Le baroque
Le libertinage
Les moralistes de l’époque classique
Les philosophes des Lumières
Partie 3 • Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle
Le théâtre baroque
La tragédie classique
La comédie classique
Le théâtre au siècle des Lumières
Le drame romantique et le théâtre de boulevard
Les réécritures des mythes antiques
Du théâtre de la cruauté au théâtre de l’absurde
Le théâtre engagé
Les nouvelles formes de théâtre
Partie 4 • La poésie du XIXe au XXIe siècle
La poésie romantique
Le Parnasse
Les poètes maudits
Le symbolisme
Le surréalisme et l’OuLiPo
La poésie engagée : Résistance, négritude, créolité
La poésie contemporaine
Pour aller plus loin
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Chapitre 1.2
Texte 2

Chrétien de Troyes, Le Chevalier de la charrette (vers 1177-1180)

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Texte

Méléagant retient en otage la reine Guenièvre, épouse du roi Arthur. Lancelot, amoureux de la reine, part la délivrer. Pour cela, il doit avec ses compagnons franchir le Pont de l'Épée, « jamais franchi par aucun homme », car « tranchant comme une épée ».

Au pied du pont, si menaçant, ils sont descendus de cheval, et ils voient l'eau traîtresse, un rapide qui grondait, aux flots noirs et boueux, d'une laideur si effroyable qu'on eût dit le fleuve infernal, si périlleux et si profond que toute créature en ce monde, en y tombant, s'y fût perdue comme dans la mer aux eaux salées. Et le pont jeté en travers ne ressemblait à aucun autre, on n'en vit, on n'en verra jamais de tel. Il n'y eut jamais, si vous voulez la vérité, de si funeste pont, de si funeste planche. Une épée fourbie, brillante de blancheur, servait de pont au‑dessus de l'eau froide. Mais l'épée était solide et rigide, et elle avait la longueur de deux lances. […] Mais ce qui désespérait les deux compagnons du chevalier, c'était qu'ils croyaient voir de l'autre côté, au bout du pont deux lions ou bien deux léopards enchaînés à un bloc de pierre. L'eau, le pont, les lions les mettent dans une telle frayeur qu'ils sont tous deux tremblants de peur et qu'ils disent :
« Monseigneur […] Ayez donc plutôt pitié de vous‑même, et restez avec nous ! Ce serait pécher contre vous‑même que de vous mettre consciemment en un péril de mort aussi certain. »
Mais il leur répond en riant :
« Seigneurs, soyez remerciés de tant vous inquiéter pour moi […] mais j'ai foi en Dieu, en qui je crois : en tout lieu il saura me protéger. […] Oui, je veux courir l'aventure de le franchir, et m'y préparer : plutôt mourir que de retourner ! »
Ils ne savent plus que lui dire, mais tous deux, saisis de pitié, répandent larmes et soupirs. Quant à lui, pour traverser le gouffre, du mieux qu'il peut, il s'apprête. Il fait une chose étrange et merveilleuse : il désarme ses pieds et ses mains. Il n'en sortira pas indemne ni tout à fait valide, s'il parvient de l'autre côté. Il s'est tenu fermement sur l'épée, plus affilée qu'une faux, à mains nues et tout déchaussé, car il n'avait gardé au pied soulier, chausse1 ni empeigne2. Il ne s'est guère inquiété de s'entailler les mains et les pieds, il aimait mieux se mutiler que tomber du pont et nager dans cette eau d'où plus jamais il ne sortirait. En grande souffrance, il passe au‑delà comme il le voulait, dans les plus grands tourments. Il se blesse aux mains, aux genoux et aux pieds, mais Amour qui tout au long le guide lui verse un baume et tout entier le guérit. Il lui était doux de souffrir. S'aidant des mains, des pieds et des genoux, il gagne enfin l'autre côté.
Alors lui reviennent à la mémoire les deux lions qu'il croyait y avoir vus quand il était sur l'autre bord. Il est attentif à regarder : rien, pas même un lézard ou quoi que ce soit qui lui fasse du mal !
Traduit de l'ancien français par Charles Méla, © Librairie Générale de France - Le Livre de Poche, 1992.
1. Vêtement couvrant les jambes et les pieds. 2. Partie supérieure du soulier.
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Doc. 

Placeholder pour Lancelot passant le Pont de
l'ÉpéeLancelot passant le Pont de
l'Épée
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Lancelot passant le Pont de l'Épée, miniature extraite de Lancelot du Lac, XVe siècle, BnF, Paris.
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