Français 1re

Retourner à l'accueil

Rejoignez la communauté !
Co-construisez les ressources dont vous avez besoin et partagez votre expertise pédagogique.
Mes Pages
Repères - Histoire
Partie 1 • Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle
L’épopée antique et la chanson de geste
La fin’amor et les romans de chevalerie
Récits comiques médiévaux et humanistes
Fictions baroques
Le classicisme
Les romans épistolaires
Le romantisme
Le réalisme
Le naturalisme
Les récits de guerre
L’exploration de la conscience
Interroger l’existence humaine
Le Nouveau Roman
Les récits de vie
Partie 2 • La littérature d’idées du XVIe au XVIIIe siècle
L’humanisme à la Renaissance
Le baroque
Le libertinage
Les moralistes de l’époque classique
Partie 3 • Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle
Le théâtre baroque
La tragédie classique
La comédie classique
Le théâtre au siècle des Lumières
Le drame romantique et le théâtre de boulevard
Les réécritures des mythes antiques
Du théâtre de la cruauté au théâtre de l’absurde
Le théâtre engagé
Les nouvelles formes de théâtre
Partie 4 • La poésie du XIXe au XXIe siècle
La poésie romantique
Le Parnasse
Les poètes maudits
Le symbolisme
Le surréalisme et l’OuLiPo
La poésie engagée : Résistance, négritude, créolité
La poésie contemporaine
Pour aller plus loin
Langue
Outils d’analyse
Méthode
Annexes
Révisions
Chapitre 2.5
Texte 8

Jean-Jacques Rousseau, Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Texte

Audio

Crédits : Lelivrescolaire.fr

Dans ce recueil autobiographique, l'auteur raconte son séjour sur l'ile de Saint‑Pierre, sur le lac de Bienne, en Suisse.

Quel était donc ce bonheur et en quoi consistait sa jouissance ? Je le donnerais à deviner à tous les hommes de ce siècle sur la description de la vie que j'y menais. Le précieux farniente fut la première et la principale de ces jouissances que je voulus savourer dans toute sa douceur, et tout ce que je fis durant mon séjour ne fut en effet que l'occupation délicieuse et nécessaire d'un homme qui s'est dévoué à l'oisiveté. […]

Quand le lac agité ne me permettait pas la navigation, je passais mon après‑midi à parcourir l'île en herborisant1 à droite et à gauche, m'asseyant tantôt dans les réduits2 les plus riants et les plus solitaires pour y rêver à mon aise, tantôt sur les terrasses et les tertres, pour parcourir des yeux le superbe et ravissant coup d'œil du lac et de ses rivages couronnés d'un côté par des montagnes prochaines et de l'autre élargis en riches et fertiles plaines, dans lesquelles la vue s'étendait jusqu'aux montagnes bleuâtres plus éloignées qui la bornaient.

Quand le soir approchait je descendais des cimes de l'île et j'allais volontiers m'asseoir au bord du lac sur la grève3 dans quelque asile4 caché ; là le bruit des vagues et l'agitation de l'eau fixant mes sens et chassant de mon âme toute autre agitation la plongeaient dans une rêverie délicieuse où la nuit me surprenait souvent sans que je m'en fusse aperçu. Le flux et reflux de cette eau, son bruit continu mais renflé par intervalles frappant sans relâche mon oreille et mes yeux, suppléaient aux mouvements internes que la rêverie éteignait en moi et suffisaient pour me faire sentir avec plaisir mon existence sans prendre la peine de penser. De temps à autre naissait quelque faible et courte réflexion sur l'instabilité des choses de ce monde dont la surface des eaux m'offrait l'image : mais bientôt ces impressions légères s'effaçaient dans l'uniformité du mouvement continu qui me berçait […].

Après le souper, quand la soirée était belle, nous allions encore tous ensemble faire quelque tour de promenade sur la terrasse pour y respirer l'air du lac et la fraîcheur. On se reposait dans le pavillon5, on riait, on causait, on chantait quelque vieille chanson qui valait bien le tortillage6 moderne, et enfin l'on s'allait coucher content de sa journée et n'en désirant qu'une semblable pour le lendemain. […]

De quoi jouit‑on dans une pareille situation ? De rien d'extérieur à soi, de rien sinon de soi‑même et de sa propre existence, tant que cet état dure on se suffit à soi‑même, comme Dieu. Le sentiment de l'existence dépouillé de toute autre affection est par lui-même un sentiment précieux de contentement et de paix, qui suffirait seul pour rendre cette existence chère et douce à qui saurait écarter de soi toutes les impressions sensuelles et terrestres qui viennent sans cesse nous en distraire et en troubler ici‑bas la douceur.
Cinquième promenade, orthographe modernisée.
1. Recueillant des plantes pour les étudier.
2. Recoins.
3. Rivage.
4. Refuge.
5. Bâtiment isolé, sur une propriété.
6. Pour Rousseau, musicien, la musique française est « entortillée ».
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Éclairage

Jean-Jacques Rousseau est l'un des penseurs les plus influents des Lumières, quand bien même il critique l'idéologie bourgeoise de ce mouvement.

Il révèle la beauté de la nature sauvage et les méditations que lui inspire celle-ci annoncent le romantisme.
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Questions

1. Quelles sont les conditions du bonheur selon Jean-Jacques Rousseau ?

2.
Grammaire
Analysez l'expression de l'interrogation dans la phrase soulignée.
Afficher la correction

Une erreur sur la page ? Une idée à proposer ?

Nos manuels sont collaboratifs, n'hésitez pas à nous en faire part.

j'ai une idée !

Oups, une coquille

Utilisation des cookies
Lors de votre navigation sur ce site, des cookies nécessaires au bon fonctionnement et exemptés de consentement sont déposés.