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Chapitre 2.5
Texte B
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Jean‑Edme Romilly, Encyclopédie, article « Tolérance » (1751)

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Texte

De nombreux auteurs participent au projet de l'Encyclopédie orchestré par Denis Diderot et d'Alembert. Jean‑Edme Romilly est un théologien genevois.

J'entre en matière par une réflexion très simple, et cependant bien favorable à la tolérance, c'est que la raison humaine n'ayant pas une mesure précise et déterminée, ce qui est évident pour l'un est souvent obscur pour l'autre [...] ; en sorte que tel degré de lumière1 suffisant pour convaincre l'un, est insuffisant pour un autre dont l'esprit est moins vif, ou différemment affecté, d'où il suit que nul n'a droit de donner sa raison pour règle, ni de prétendre asservir personne à ses opinions. Autant vaudrait en effet exiger que je regarde avec vos yeux, que de vouloir que je croie sur votre jugement. Il est donc clair que nous avons tous notre manière de voir et de sentir, qui ne dépend que bien peu de nous. L'éducation, les préjugés, les objets qui nous environnent et mille causes secrètes influent sur nos jugements et les modifient à l'infini. Le monde moral est encore plus varié que le physique et les esprits se ressemblent moins que les corps. Nous avons, il est vrai, des principes communs sur lesquels on s'accorde assez ; mais ces premiers principes sont en très petit nombre, les conséquences qui en découlent deviennent toujours moins claires à mesure qu'elles s'en éloignent, comme ces eaux qui se troublent en s'éloignant de leur source. Dès lors les sentiments se partagent, et sont d'autant plus arbitraires, que chacun y met du sien, et trouve des résultats plus particuliers. La déroute n'est pas d'abord si sensible ; mais bientôt, plus on marche, plus on s'égare, plus on se divise ; mille chemins conduisent à l'erreur, un seul mène à la vérité : heureux qui sait le reconnaitre ! Chacun s'en flatte pour son parti2, sans pouvoir le persuader aux autres ; mais si dans ce conflit d'opinions, il est impossible de terminer nos différends3, et de nous accorder sur tant de points délicats, sachons du moins nous rapprocher et nous unir par les principes universels de la tolérance et de l'humanité, puisque nos sentiments nous partagent, et que nous ne pouvons être unanimes. Qu'y a‑t‑il de plus naturel que de nous supporter mutuellement, et de nous dire à nous‑mêmes avec autant de vérité que de justice : « Pourquoi celui qui se trompe cesserait‑il de m'être cher ? L'erreur ne fut‑elle pas toujours le triste apanage4 de l'humanité ? Combien de fois j'ai cru voir le vrai, où dans la suite j'ai reconnu le faux ? Combien j'en ai condamné, dont j'ai depuis adopté les idées ? Ah, sans doute, je n'ai que trop acquis le droit de me défier de moi‑même, et je me garderai de haïr mon frère, parce qu'il pense autrement que moi ! »
Orthographe modernisée.
1. Clarté.
2. Chacun se vante, pour sa part, d'avoir trouvé le chemin de la vérité.
3. Motifs de discorde.
4. Attribut, caractéristique.
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Éclairage

Les débats sur la tolérance, religieuse en particulier, sont au centre des réflexions des Lumières.

"La tolérance est établie chez nous : elle fait loi de l'État, et il est défendu de persécuter. Nous avons, il est vrai, des fanatiques qui, faute de persécution, se brûlent eux‑mêmes ; mais si ceux des autres pays en faisaient autant, il n'y aurait pas grand mal ; le monde n'en serait que plus tranquille, et Calas n'aurait pas été roué."
Lettre de l'impératrice Catherine II
à Voltaire, 17‑28 novembre 1765.

Le protestant Jean Calas a été condamné à mort car il était faussement accusé d'avoir tué son fils pour l'empêcher de se convertir au catholicisme. Voltaire, pour le réhabiliter, a publié en 1763 son Traité sur la tolérance, ce qui a rendu l'affaire célèbre.
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Questions

1. Par quels procédés et arguments Romilly appelle‑t‑il à la tolérance ?

2.
Grammaire
Analysez l'expression de l'interrogation dans l'extrait en gras.
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