Français 4e - 2022

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Ch. 1
Comment dire les nuances de l'amour ?
Ch. 2
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Ch. 3
Des valeurs en confrontation ?
Ch. 4
Le Cid entre amour, honneur et devoir ?
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Ch. 6
« Un parricide » : le récit d’un drame social ?
Ch. 7
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Ch. 8
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Ch. 9
La ville, un personnage de roman ?
Ch. 10
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Chapitre 5
Texte et image 3

La descente aux enfers de Fantine

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Placeholder pour Adaptation en mini-série par Josée Dayan,
2000, avec Charlotte Gainsbourg (Fantine).Adaptation en mini-série par Josée Dayan,
2000, avec Charlotte Gainsbourg (Fantine).
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Adaptation en mini‑série par Josée Dayan, 2000, avec Charlotte Gainsbourg (Fantine).
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Extrait 1
Fantine [...] était née à Montreuil‑sur‑Mer. De quels parents ? Qui pourrait le dire ? On ne lui avait jamais connu ni père ni mère. Elle se nommait Fantine. Pourquoi Fantine ? On ne lui avait jamais connu d'autre nom. [...] À dix ans, Fantine quitta la ville et s'alla mettre en service chez les fermiers des environs. À quinze ans, elle vint à Paris « chercher fortune ». Fantine était belle et resta pure le plus longtemps qu'elle put. C'était une jolie blonde avec de belles dents. Elle avait de l'or et des perles pour dot1, mais son or était sur sa tête et ses perles étaient dans sa bouche.
Elle travailla pour vivre ; puis, toujours pour vivre, car le cœur a sa faim aussi, elle aima. Elle aima Tholomyès.
Victor Hugo
Les Misérables, tome I, livre 3, chapitre 2, 1862.

1. Biens apportés par la famille de l'épouse, lors d'un mariage.

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Extrait 2
Tholomyès abandonne Fantine alors qu'elle est enceinte. Une fois mère de leur fille Cosette, Fantine décide de retourner dans sa ville natale. En chemin, elle passe devant une auberge.

– Vous avez là deux jolis enfants, madame.
Les créatures les plus féroces sont désarmées par la caresse à leurs petits. La mère leva la tête et remercia, et fit asseoir la passante sur le banc de la porte, elle-même étant sur le seuil. Les deux femmes causèrent.
– Je m'appelle madame Thénardier, dit la mère des deux petites. Nous tenons cette auberge. [...]
La voyageuse raconta son histoire, un peu modifiée. [...]
– Voyez‑vous, je ne peux pas emmener ma fille au pays. L'ouvrage ne le permet pas. Avec un enfant, on ne trouve pas à se placer2. Ils sont si ridicules dans ce pays-là. C'est le bon Dieu qui m'a fait passer devant votre auberge. Quand j'ai vu vos petites si jolies et si propres et si contentes, cela m'a bouleversée. J'ai dit : voilà une bonne mère. C'est ça ; ça fera trois sœurs. Et puis, je ne serai pas longtemps à revenir. Voulez‑vous me garder mon enfant ?
– Il faudrait voir, dit la Thénardier.
– Je donnerais six francs par mois.
Ici une voix d'homme cria du fond de la gargote :
– Pas à moins de sept francs. Et six mois payés d'avance.
– Six fois sept quarante‑deux, dit la Thénardier.
– Je les donnerai, dit la mère.
– Et quinze francs en dehors pour les premiers frais, ajouta la voix d'homme.
– Total cinquante‑sept francs, dit madame Thénardier.
Victor Hugo
Les Misérables, tome I, livre 4, chapitre 1, 1862.

2. Trouver un emploi.

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Extrait 3
De retour à Montreuil‑sur‑Mer, Fantine est embauchée à l'usine de M. Madeleine. Mais on découvre qu'elle a eu un enfant hors mariage : elle est alors renvoyée.

Fantine gagnait trop peu. Ses dettes avaient grossi. Les Thénardier, mal payés, lui écrivaient à chaque instant des lettres dont le contenu la désolait et dont le port la ruinait. Un jour ils lui écrivirent que sa petite Cosette était toute nue par le froid qu'il faisait, qu'elle avait besoin d'une jupe de laine, et qu'il fallait au moins que la mère envoyât dix francs pour cela. Elle reçut la lettre et la froissa dans ses mains tout le jour. Le soir elle entra chez un barbier qui habitait le coin de la rue, et défit son peigne. Ses admirables cheveux blonds lui tombèrent jusqu'aux reins.
– Les beaux cheveux ! s'écria le barbier.
– Combien m'en donneriez‑vous ? dit‑elle.
– Dix francs.
– Coupez‑les.
Elle acheta une jupe de tricot et l'envoya aux Thénardier. Cette jupe fit les Thénardier furieux. C'était de l'argent qu'ils voulaient. Ils donnèrent la jupe à Éponine. La pauvre Alouette3 continua de frissonner. [...]
Un jour elle reçut des Thénardier une lettre ainsi conçue : « Cosette est malade d'une maladie qui est dans le pays. Une fièvre miliaire, qu'ils appellent. Il faut des drogues chères. Cela nous ruine et nous ne pouvons plus payer. Si vous ne nous envoyez pas quarante francs avant huit jours, la petite est morte. » [...]
Comme elle passait sur la place, elle vit beaucoup de monde qui entourait une voiture de forme bizarre, sur l'impériale de laquelle pérorait tout debout un homme vêtu de rouge. C'était un bateleur dentiste en tournée, qui offrait au public des râteliers complets, des opiats, des poudres et des élixirs. [...]
Le lendemain matin, [...], une salive rougeâtre lui souillait le coin des lèvres, et elle avait un trou noir dans la bouche. Les deux dents  étaient arrachées. Elle envoya les quarante francs à Montfermeil. Du reste c'était une ruse des Thénardier pour avoir de l'argent. Cosette n'était pas malade. [...]
Ses créanciers étaient plus impitoyables que jamais. Le fripier, qui avait repris presque tous les meubles, lui disait sans cesse : Quand me payeras-tu, coquine ? [...] Vers le même temps, le Thénardier lui écrivit que décidément il avait attendu avec beaucoup trop de bonté, et qu'il lui fallait cent francs, tout de suite ; sinon qu'il mettrait à la porte la petite Cosette, toute convalescente de sa grande maladie, par le froid, par les chemins, et qu'elle deviendrait ce qu'elle pourrait, et qu'elle créverait, si elle voulait. — Cent francs, songea Fantine. Mais où y a-t-il un état à gagner cent sous par jour ?
– Allons ! dit-elle, vendons le reste.
L'infortunée se fit fille publique.
Victor Hugo
Les Misérables, tome I, livre 5, chapitre 10, 1862.

3. Surnom donné à Cosette.

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Supplément numérique

Huit ou dix mois après ce qui a été raconté dans les pages précédentes, vers les premiers jours de janvier 1823, un soir qu'il avait neigé, un de ces élégants, un de ces désœuvrés, un « bien pensant » [...] se divertissait à harceler une créature qui rôdait en robe de bal et toute décolletée avec des fleurs sur la tête devant la vitre du café des officiers. Cet élégant fumait, car c'était décidément la mode.

Chaque fois que cette femme passait devant lui, il lui jetait, avec une bouffée de la fumée de son cigare, quelque apostrophe qu'il croyait spirituelle et gaie, comme : — Que tu es laide ! — Veux-tu te cacher ! — Tu n'as pas de dents ! etc., etc. Ce monsieur [...] profitant d'un moment où elle se retournait, s'avança derrière elle à pas de loup et en étouffant son rire, se baissa, prit sur le pavé une poignée de neige et la lui plongea brusquement dans le dos entre ses deux épaules nues. La fille poussa un rugissement, se tourna, bondit comme une panthère, et se rua sur l'homme, lui enfonçant ses ongles dans le visage, avec les plus effroyables paroles qui puissent tomber du corps de garde dans le ruisseau. Ces injures, vomies d'une voix enrouée par l'eau-de-vie, sortaient hideusement d'une bouche à laquelle manquaient en effet les deux dents de devant. C'était la Fantine.

Au bruit que cela fit, les officiers sortirent en foule du café, les passants s'amassèrent, et il se forma un grand cercle riant, huant et applaudissant, autour de ce tourbillon composé de deux êtres où l'on avait peine à reconnaître un homme et une femme, l'homme se débattant, son chapeau à terre, la femme frappant des pieds et des poings, décoiffée, hurlant, sans dents et sans cheveux, livide de colère, horrible.

Tout à coup un homme de haute taille sortit vivement de la foule, saisit la femme à son corsage de satin couvert de boue, et lui dit : — Suis moi ! La femme leva la tête ; sa voix furieuse s'éteignit subitement. Ses yeux étaient vitreux, de livide elle était devenue pâle, et elle tremblait d'un tremblement de terreur. Elle avait reconnu Javert. L'élégant avait profité de l'incident pour s'esquiver.

Javert écarta les assistants, rompit le cercle et se mit à marcher à grands pas vers le bureau de police qui est à l'extrémité de la place, traînant après lui la misérable. Elle se laissait faire machinalement. Ni lui, ni elle ne disaient un mot. La nuée des spectateurs, au paroxysme de la joie, suivait avec des quolibets. La suprême misère, occasion d'obscénités.

Arrivé au bureau de police qui était une salle basse chauffée par un poêle et gardée par un poste, avec une porte vitrée et grillée sur la rue, Javert ouvrit la porte, entra avec la Fantine, et referma la porte derrière lui, au grand désappointement des curieux qui se haussèrent sur la pointe du pied et allongèrent le cou devant la vitre trouble du corps de garde, cherchant à voir. La curiosité est une gourmandise. Voir, c'est dévorer.

En entrant, la Fantine alla tomber dans un coin, immobile et muette, accroupie comme une chienne qui a peur. Le sergent du poste apporta une chandelle allumée sur une table. Javert s'assit, tira de sa poche une feuille de papier timbré et se mit à écrire.

Ces classes de femmes sont entièrement remises par nos lois à la discrétion de la police. Elle en fait ce qu'elle veut, les punit comme bon lui semble, et confisque à son gré ces deux tristes choses qu'elles appellent leur industrie et leur liberté. Javert était impassible ; son visage sérieux ne trahissait aucune émotion. Pourtant il était gravement et profondément préoccupé. C'était un de ces moments où il exerçait sans contrôle, mais avec tous les scrupules d'une conscience sévère, son redoutable pouvoir discrétionnaire. En cet instant, il le sentait, son escabeau d'agent de police était un tribunal. Il jugeait. Il jugeait et il condamnait. Il appelait tout ce qu'il pouvait avoir d'idées dans l'esprit autour de la grande chose qu'il faisait. Plus il examinait le fait de cette fille, plus il se sentait révolté. Il était évident qu'il venait de voir commettre un crime. Il venait de voir, là dans la rue, la société, représentée par un propriétaire-électeur, insultée et attaquée par une créature en dehors de tout. Une prostituée avait attenté à un bourgeois. Il avait vu cela, lui Javert. Il écrivait en silence. Quand il eut fini, il signa, plia le papier et dit au sergent du poste, en le lui remettant : — Prenez trois hommes, et menez cette fille au bloc. Puis se tournant vers la Fantine : — Tu en as pour six mois.
Victor Hugo
Les Misérables, tome I, livre 5, chapitre 12 et 13, 1862.

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Questions

Compréhension

1. Résumez l'histoire de Fantine. Vous expliquerez les derniers mots de l'extrait 3 et montrerez comment elle est arrivée à cette situation.

Analyse et interprétation

2. Que pensez‑vous des choix qu'effectue Fantine ? Aurait‑elle pu agir différemment ?
3. Son destin est lié à celui des Thénardier. Montrez comment s'opère la critique des aubergistes.
4.
Prolongement
Écoutez la .
a) Pour quelle raison principale Fantine est‑elle arrêtée ? Que pensez‑vous de cette arrestation ?
4. b) Selon vous, une telle situation pourrait‑elle encore se produire aujourd'hui ? Pourquoi ?
5. Image a) Quelle différence physique constatez‑vous entre l'actrice et Fantine ?
5. Image b) Selon vous, est‑ce important que les acteurs ressemblent physiquement aux personnages qu'ils jouent ? Appuyez‑vous sur d'autres adaptations que vous connaissez.

Écriture

6. Pour vous, Fantine est‑elle une héroïne ? Proposez une réponse organisée et argumentée.
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