Les deux amants décident de s'enfuir et se donnent rendez-vous un soir près d'un mûrier blanc. Arrivée la première, Thisbé est effrayée par une lionne à la gueule ensanglantée. En courant pour se cacher elle perd son voile, bientôt déchiqueté par l'animal. À son arrivée, Pyrame ne voit que le voile ensanglanté et croit que son amante est morte : il se poignarde.
Cependant Thisbé, tremblante encore, pour ne pas causer à son amant une attente trompeuse, revient et le cherche et des yeux et du cœur ; elle brûle de lui raconter les dangers qu'elle a évités. [...] Elle voit un corps palpitant sur la terre ensanglantée ; elle recule plus pâle que le buis1, et, saisie d'horreur, elle éprouve un frémissement semblable à celui de la mer, quand un léger souffle en ride la surface. Bientôt
reconnaissant l'objet de son amour, elle [...] s'arrache les cheveux, presse dans ses bras le corps chéri de Pyrame, pleure sur sa blessure, mêle ses larmes à son sang, et, tandis qu'elle imprime des baisers sur ce visage glacé, s'écrie : « Pyrame, quel coup du sort te ravit à ma tendresse ? Cher Pyrame, réponds-moi : c'est ton amante, c'est Thisbé qui t'appelle [...]. Moi aussi je trouverai dans mon bras le courage de t'imiter, dans mon amour la force de m'arracher aussi la vie. Je te suivrai dans la nuit du tombeau. [...] » Elle dit, et se laisse tomber sur la pointe de l'épée qui traverse son cœur, toute fumante encore du sang de Pyrame.