ANDROMAQUE. ‒ J'ai vu mon époux, Hector, tué par Achille, et le fils que je lui avais donné, Astyanax, jeté du haut d'une tour, quand les Grecs se furent emparés du sol troyen ; moi-même esclave, moi qui passais pour être issue de la plus noble maison, j'arrivai en Grèce […]. Pour moi, j'ai donné ici le jour à un fils
, fruit de mon union avec le rejeton d'Achille, avec mon maître. Et d'abord, malgré les maux qui m'accablaient, j'espérais toujours trouver dans cet enfant un appui, un soulagement à mes infortunes ; mais depuis que mon maître, dédaignant la couche de son esclave, a épousé Hermione de Lacédémone, je suis accablée par elle des plus cruels traitements. Elle dit que par des philtres secrets je la rends stérile et odieuse à son époux, que je prétends m'établir à sa place dans cette demeure et la chasser violemment de son lit. Or, ce lit, j'y ai pris place jadis malgré moi, et aujourd'hui je l'ai quitté pour toujours ; oui. Jupiter sait que j'ai partagé, contre mon gré, la couche de Pyrrhus.