Hermione a demandé à Oreste d'aller tuer Pyrrhus. Oreste revient.
ORESTE. – Madame, c'en est fait, et vous êtes servie :
Pyrrhus rend à l'autel son infidèle vie.
HERMIONE. – Il est mort ?
ORESTE. – Il expire ; et nos Grecs irrités
Ont lavé dans son sang ses infidélités.
Je vous l'avais promis ; et quoique mon courage
Se fît de ce complot une funeste image,
J'ai couru vers le temple, où nos Grecs dispersés
Se sont jusqu'à l'autel dans la foule glissés.
Pyrrhus m'a reconnu. Mais sans changer de face,
Il semblait que ma vue excitât son audace.
Que tous les Grecs,
bravés en leur ambassadeur,
Dussent de son hymen relever la splendeur.
Enfin avec
transport prenant son diadème,
Sur le front d'Andromaque il l'a posé lui-même.
« Je vous donne, a-t-il dit, ma couronne et ma foi :
Andromaque, régnez sur l'Épire et sur moi.
Je voue à votre fils une amitié de père ;
J'en atteste les Dieux, je le jure à sa mère :
Pour tous mes ennemis je déclare les siens,
Et je le reconnais pour le roi des Troyens. »
À ces mots, qui du peuple attiraient le
suffrage,
Nos Grecs n'ont répondu que par un cri de rage ;
L'infidèle s'est vu partout envelopper,
Et je n'ai pu trouver de place pour frapper.
Chacun se disputait la gloire de l'abattre.
Je l'ai vu dans leurs mains quelque temps se débattre,
Tout sanglant à leurs coups vouloir se dérober ;
Mais enfin à l'autel il est allé tomber.