La production des préférences électorales aux Cosmonautes, comme dans probablement la plupart des quartiers populaires, nous paraît influencée, au moins partiellement, par ces logiques d'identification à dimension ethnique. Par conséquent, en tenant compte de ces logiques, il est possible de proposer une représentation volontairement stylisée de l'espace électoral […]. Aux extrémités opposées de cet espace, deux pôles sont bien identifiables. À l'un de ces pôles se situent des Français de la première ou de la deuxième génération issus de l'immigration africaine. Cette population, en général relativement jeune, lorsqu'elle se mobilise, penche très nettement à gauche […]. À l'autre pôle de l'espace électoral se situent des électeurs « Français-Français », pour reprendre les termes de certains habitants du quartier, qui se caractérisent par un point de vue ethnico-racialiste anti-étrangers. […]. Ils incarnent de manière idéale-typique la figure du vote sur clivage ethnique. Leur hostilité aux « étrangers », a fortiori lorsqu'elle se combine à une demande d'ordre et de sécurité, fait très largement pencher leurs votes sur la droite et l'extrême droite.