Dans nos économies dites modernes, la monnaie qui circule entre acteurs non bancaires est un bien privé créé par le secteur bancaire. Les signes monétaires, dans leur immense majorité, sont au départ créés à travers l'octroi d'un crédit, donc via la création d'une dette des banques commerciales envers des acteurs non bancaires. Le fondement de cette création monétaire par le crédit est la rentabilité financière attendue des projets économiques que les banques consentent à financer. En réalité, ces dernières ne « financent » pas littéralement les projets : elles n'ont pas « en caisse », à l'avance, la totalité des sommes qu'elles prêtent ; elles créent virtuellement une somme de monnaie scripturale qu'elles inscrivent simplement au compte du débiteur, mettant ainsi cette somme en circulation dans l'économie sous forme électronique (et, pour une toute petite fraction, sous forme de billets ou de pièces). Ce ne sont pas les dépôts qui engendrent les crédits, mais le contraire : les crédits engendrent de nouveaux dépôts qui nourrissent la circulation monétaire globale. […]
La quantité de monnaie en circulation dans nos économies ne dépend donc ni de notre sens de la justice sociale, ni de notre désir d'assurer la soutenabilité environnementale, ni du soin que nous souhaitons nous apporter mutuellement ; elle dépend des décisions décentralisées d'une multitude d'acteurs bancaires privés, avec en fond les décisions centralisées d'une banque centrale.