En absence de protection sociale, les risques ont des conséquences néfastes sur la vie des individus, des familles et des communautés. Ils font perdre aux pauvres le capital dont ils peuvent disposer et les enferment dans un état de dénuement ; ils entretiennent la persistance de la pauvreté à travers un cercle vicieux. Cependant, les personnes pauvres utilisent des stratégies ex ante (préventives) et ex post (curatives) face aux risques. Les stratégies ex ante consistent en la diversification, l'investissement dans des activités à faible risque – faible rendement, réduction des dépenses de consommation au profit des réserves de précaution. Comme stratégies ex post, les pauvres recourent à la liquidation d'actifs en capital, pour lisser la consommation, et au partage informel des risques au sein des communautés. […] Ces stratégies, en affaiblissant leur capacité à consommer, crée des problèmes de nutrition et de santé ; en sachant que les dépenses alimentaires occupent 47 % du budget des personnes vivant avec moins de deux dollars par jour en Afrique.
C'est pour cela que, dans le domaine du développement, la protection sociale ne doit plus être considérée comme un coût générateur d'inefficacité, mais plutôt comme un investissement indispensable dont « le rendement économique et social est très élevé, non seulement parce qu'elle répond aux objectifs de la politique sociale et au souci d'égalité, mais aussi parce qu'elle favorise la croissance et le recul de la pauvreté ». […] Les mutuelles de santé, comme des projets locaux de bien-être collectif, offrent une alternative pour limiter les risques sociaux et économiques en amont en défendant des intérêts communs qui vont de pair avec la démocratisation des sociétés.