Sujet 1

La scolarisation de masse et la centralité toujours plus grande de l'école dans le destin social des individus, et dans leurs parcours professionnels, voue globalement à la marginalisation ceux qui la quittent sans qualifications. Les quelque 120 000 jeunes qui sortent de l'appareil scolaire sans diplôme ou avec simplement le brevet des collèges, soit entre 17 et 18 % d'une génération, sont et seront plus exposés aux figures extrêmes de la précarité que ne le sont ceux qui le quittent avec un diplôme. Ils viendront alimenter la population des NEET (Not in Education, Employment or Training) – ces jeunes qui ne sont ni en étude, ni en emploi, ni en formation. Par un effet de cercle, la répétition des petits emplois, la longueur des chômages condamnent aux segments marginaux. […]

Les plus âgés sont dans une situation similaire et, plus que le reste de la population, confrontés aux chômages et aux précarités, voire condamnés à une situation de relégation vis‑à‑vis du travail. Plus de la moitié des demandeurs d'emploi de cinquante ans et plus sont inscrits à Pôle emploi depuis plus d'un an, et ce sont souvent les moins qualifiés. Les récits recueillis auprès des chômeurs de longue durée expriment une lassitude qui va croissant et, finalement, un processus de renoncement devant la recherche d'emploi, à mesure que le chômage dure. La probabilité de sortie du chômage, expliquent les statisticiens, décline lentement avec la durée, et la proportion de chômeurs qui se découragent et cessent de se manifester auprès de Pôle emploi va croissant avec l'ancienneté.