La machine à vapeur primitive, telle que Newcomen l'avait conçuea, exigeait
la présence d'une personne exclusivement chargée de manœuvrer les robinets,
soit pour introduire la vapeur dans le cylindre, soit pour y jeter la pluie froide
destinée à la condensation. On raconte qu'un enfant employé à ce travail, et fort
ennuyé d'avoir à le faire, eut l'idée de relier les manivelles des robinets, par des
cordons, au balancier de la machine. Dès lors la machine ouvrait et fermait ses
robinets elle-même ; elle fonctionnait toute seule. Maintenant, un observateur
qui eût comparé la structure de cette seconde machine à celle de la première,
sans s'occuper des deux enfants chargés de la surveillance, n'eût trouvé entre elles
qu'une légère différence de complication. C'est tout ce qu'on peut apercevoir, en
effet, quand on ne regarde que les machines. Mais si l'on jette un coup d'œil sur
les enfants, on voit que l'un est absorbé par sa surveillance, que l'autre est libre de
s'amuser à sa guise, et que, par ce côté, la différence entre les deux machines est
radicale, la première retenait l'attention captive, la seconde lui donnant congé.