Fixisme ou évolutionnisme ?
L'histoire naturelle est une science qui se constitue au XVII
e siècle et qui se donne pour tâche de classer et de décrire systématiquement l'intégralité des entités naturelles visibles et observables, qu'il s'agisse de la faune, de la flore ou des minéraux. L'histoire naturelle atteint son apogée au XVIII
e siècle, avec les naturalistes Buffon et Linné. Ce dernier en particulier effectua un travail de répertoriage, de nomination et de classification de la totalité des espèces vivantes connues à son époque. Son système de classification est encore employé aujourd'hui.
La principale limite scientifique du linnéisme et, plus généralement, de l'histoire naturelle, est son
fixisme1 : dans la mesure où elle tend à n'être qu'une description des espèces existantes et visibles, elle ne permet pas d'expliquer la dimension dynamique et évolutive du vivant.
Darwin, Claude Bernard ou Pasteur vont mettre en doute le fixisme. Le premier appréhende la nature de manière dynamique, au sein d'une évolution historique. Seuls les individus adaptés au milieu peuvent survivre et se reproduire. Ainsi, ils transmettent leurs « caractères », d'où une lente modification des espèces. Darwin montre ainsi que l'
Homo sapiens est lui‑même le produit d'une évolution, et notamment d'une ramification des hominidés (grands singes sans queue).
L'évolutionnisme permet de supposer que l'homme pourrait être autrement, qu'il pourrait même ne pas être. L'homme y perd son statut privilégié pour devenir, suivant le mot de Michel Foucault, « un souverain soumis ». Cette perte de prestige fait naître une blessure narcissique, qui se traduira par de nombreuses caricatures contre Darwin, dans lesquelles il est représenté mi-homme, mi-singe.
Notes de bas de page
1. Le fixisme désigne une conception fixe et sans évolution du vivant.