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Introduction
Le temps dit « objectif », uniforme et supposé réel, est classiquement
distingué du temps « vécu », subjectif et variable d'un
individu à l'autre. Le temps vécu tient compte de l'intensité
du moment et varie en fonction des étapes de notre existence : en vieillissant, les années paraissent passer plus vite.
Au XXe siècle, les travaux d'Einstein, puis le développement
de la physique des particules remettent en cause le caractère
absolu et universel du temps. Certains scientifiques font
remarquer que cette découverte fondamentale n'a pourtant
toujours pas, un siècle plus tard, affecté la conscience collective.
Tout se passe pour nous comme si rien n'avait changé.
Faut‑il alors admettre que le temps n'appartient pas au réel ?
N'est‑ce pas le temps de la conscience qui nous « sauve » de la
destitution du temps objectif, récusé par la science moderne ?
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Doc. 1
Ce qui dure dans le temps est‑il éternel ?
Les 15 et 16 avril 2019 ont été marqués par le
drame de l'incendie de la cathédrale Notre‑Dame
de Paris : l'événement a fait la une des médias
pendant près de vingt heures, alors même qu'il
n'y a eu ni mort ni blessé.
Cette couverture médiatique souligne la place de
la cathédrale dans la culture collective, au‑delà
du lieu de culte qu'elle incarne. Comment comprendre
une telle émotion ? La construction
de la cathédrale, commencée au milieu du
XIIe siècle, aura duré deux siècles. Ne s'agit‑il
pas tout simplement du spectacle du temps qui
se consume ?
L'événement invite à opérer une distinction entre
le temps et la durée : en traversant les siècles,
les pierres de Notre‑Dame de Paris ont incorporé
des symboles religieux, les témoignages de
plusieurs époques, les scansions de l'histoire d'une nation, et semblent ainsi avoir pris vie. À l'occasion du dramatique
incendie, la capacité du temps à laisser quelque chose se hisser hors de lui est ainsi interrogée.
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Notre-Dame de Paris en flammes, image extraite d'une vidéo France Info, 2019.
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Doc. 2
Le temps du projet
Or la signification du passé est étroitement dépendante
de mon projet présent. Cela ne signifie nullement
que je puis faire varier au gré de mes caprices le sens de
mes actes antérieurs ; mais, bien au contraire, que le
projet fondamental que je suis décide absolument de la
signification que peut avoir pour moi et pour les autres
le passé que j'ai à être. Moi seul en effet peut décider
à chaque moment de la portée du passé : non pas en
discutant, en délibérant et en appréciant en chaque cas
l'importance de tel ou tel événement antérieur, mais en
me projetant vers mes buts, je sauve le passé avec moi
et je décide par l'action de sa signification. Cette crise
mystique de ma quinzième année, qui décidera si elle
« a été » pur accident de puberté ou au contraire premier
signe d'une conversion future ? Moi, selon que je
déciderai – à vingt ans, à trente ans – de me convertir.
Le projet de conversion confère d'un seul coup à une
crise d'adolescence la valeur d'une prémonition que je
n'avais pas prise au sérieux. Qui décidera si le séjour
en prison que j'ai fait, après un vol, a été fructueux ou
déplorable ? Moi, selon que je renonce à voler ou que
je m'endurcis. Qui peut décider de la valeur d'enseignement
d'un voyage, de la sincérité d'un serment d'amour,
de la pureté d'une intention passée, etc. ? C'est moi,
toujours moi, selon les fins par lesquelles je les éclaire.
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Doc. 3
Vivre le temps
Les montres sont ici déformées, et avec
elles, le temps qu'elles marquaient :
temps chronologique, mathématique
et régulier. Inutile de mesurer le temps
dès lors qu'il fond dans un rêve qui
se prolonge, dans une impression de
durée molle et coulante. Dali, obsédé
par la mort, propose au spectateur de
se libérer du temps objectif. Cependant,
l'olivier est sans feuilles et les
fourmis semblent décomposer la
montre au premier plan. Se libérer
du temps objectif, au profit du temps
de la conscience, n'est‑ce pas devoir
affronter sa mortalité ?
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Salvador Dali, Les Montres molles ou La
Persistance de la mémoire, 1931, huile sur
toile, 24 × 33 cm (MoMA, New York).
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Doc. 4
Le temps du corps
Le temps n'est pas qu'une réalité psychique. Il existe aussi
un temps du corps, une horloge biologique. Le terme
d'horloge biologique, ou d'horloge interne, fait référence
à un réglage temporel interne au vivant et indépendant
de l'environnement.
Afin de mettre en évidence la présence d'une telle horloge,
le scientifique français Michel Siffre s'est soumis à
une expérience, en restant dans une grotte pendant deux
mois, sans aucun repère temporel. L'étude de sa physiologie
a montré qu'il respectait un cycle veille-sommeil
inné d'environ 24 heures, précisément le temps que met
la Terre à faire une fois le tour sur elle-même.
Il semble ainsi exister un temps du corps, connecté au temps
cosmique, inné et indépendant de la perception du ciel.
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Les questions qui se posent
À l'évidence, le temps de notre conscience s'écoule,
irréversible, et rien ne s'y passe jamais deux fois de la
même manière : « On ne se baigne jamais deux fois dans
le même fleuve », comme le disait Héraclite. L'homme
n'ignore pas où le conduit ce flux ininterrompu, la mort
est la seule perspective de sa durée. La conscience du
temps nous rend-elle malheureux ?
Or, lorsqu'il veut penser sa mort, l'homme cherche à
saisir une image du temps. Quelles conceptions du
temps la philosophie élabore‑t‑elle ? D'un côté le
temps vécu ne se pense pas, mais se vit ; de l'autre,
le temps objectif n'a rien d'intuitif, mais se conçoit. Ce
temps conçu est évalué, « spatialisé ». Il est traduit inadéquatement,
alors qu'il est nécessairement vécu dans
la plus parfaite connivence. Le temps n'existe‑t‑il que
pour une conscience ?
Se pose alors la question de savoir de quelle façon
l'image du temps reflète la manière dont nous le vivons,
comment nous tentons d'avoir prise sur lui et de quelle
manière nous appréhendons ce qui est susceptible d'y
résister. Ainsi le mystère du temps tient‑il peut‑être au
fait qu'il est une façon pour nous, humains, de vivre
et d'essayer de comprendre notre existence, qui n'est
jamais totalement réduite à sa seule temporalité. Peut‑on agir sur le temps ?
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